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Haiti: Sept jours après, ils se sont tus…

Mais ça va pas là…!

Des milliers de personnes gagnent les rues pour exiger le départ du chef de l’Etat qui, selon les manifestants, se révèle incapable de diriger le pays. Ils protestent aussi contre la vie chère et la corruption. Contre le système qui favorise des inégalités sociales. Un ras-le-bol. Mais ils sont quand même tus…


Une vue des manifestants… (13/02/19)

Il y a des casses. Beaucoup de casses. Les forces de l’Ordre tentent, tant bien que mal, de gérer la situation. Il y a des scènes de pillages. Des véhicules sont incendiés dans certains endroits, et même dans les locaux de la Télévision nationale d’Haïti (TNH). Mais ils se sont quand même tus…

Sept jours après, toujours pas de réactions de la part du Président en mal de popularité et de leadership ou de celle du Premier ministre qui, comme le souligne son porte-parole, n’entend pas démissionner. La population attend encore.  Elle souhaite qu’une décision soit prise. Mais eux, ils se sont quand même tus…

Sept jours après, aucun espoir ne se pointe à l’horizon. Aucun discours  officiel. L’omerta. Beaucoup de gens foulent sur le macadam. D’autres restent prisonniers chez eux. Les marchés et supermarchés sont dysfonctionnels. Les centres hospitaliers peinent à fonctionner. L’école aussi. Rien ne fonctionne normalement. Mais bon, ils se sont quand même tus…


Edlène Vernal, l’unique femme journaliste accréditée au Parlement haïtien

Crédit-photo: Worlgenson Noel

Fille aînée d’une famille originaire de Saint-Marc, la cité de Nissage Saget, Edlène Vernal travaille depuis deux ans comme journaliste reporter à la radio Pacific. Elle est actuellement la seule femme journaliste qui couvre l’actualité dans les deux chambres du Parlement haïtien. Elle a récemment décroché la troisième place de la catégorie presse parlée pour son reportage sur le recyclage, dans le cadre du concours Prix Jeune journaliste haïtien organisé par l’Organisation internationale de la Francophonie (OIF).

En plus de sa passion pour la radio, la jeune Saint-Marcoise, qui n’a pas encore trente ans, a déjà partagé des aventures avec la télévision Pacific, chaîne 54, comme présentatrice vedette du journal de 20h tous les vendredis et de 7h tous les samedis à la radio Pacific (101.5) . Très appréciée de ses collaborateurs au sein de la salle des nouvelles de son média, Edlène Vernal a déjà eu mention spéciale pour un travail de reportage réalisé après l’attaque orchestrée à l’encontre du cortège du président Jovenel Moise au début de son quinquennat. Elle a également suivi l’an dernier une formation chez l’Oncle Sam, à Washington DC, sur le journalisme d’enquête, une pratique plutôt rare en Haiti.

Reconnue pour sa curiosité et son esprit d’ouverture, la journaliste Edlène Vernal se veut tout aussi perspicace, réaliste et visionnaire. Sa plus grande vision est de voir Haiti se placer sur la cartographie des pays qui progressent, où la population s’implique réellement dans la lutte pour changer ses conditions de vie.


Mondoblog à Dakar, l’autre expérience

Les mondoblogueurs devant l'espace de formation
Les mondoblogueurs devant l’espace de formation

Cette année, la formation de Mondoblog, se déroulait à Dakar, du 28 novembre au 6 décembre. 70 blogueurs issus de 24 pays de la planète y avaient pris part, des Africains en plus grand nombre. Cette formation était axée sur la maîtrise des techniques de rédaction sur le web, des réseaux sociaux, du référencement (SOE), de la vidéographie, de la photographie, de la sécurité informatique et de la déontologie des blogueurs.

 

Dakar, à l’insu de la formation…

Échanges culturels, opportunités, rencontres, mais surtout le tourisme, cette expérience avec des blogueurs francophones allait donc au-delà d’une formation. C’était un moment de partage et d’apprentissage dans la convivialité. Entamer le dialogue suffisait pour découvrir la riche histoire que chacun avait à raconter. Au-delà de la nationalité, de la couleur de peau, tous les blogueurs des différents continents pouvaient déballer avec enthousiasme la particularité positionnant leur pays d’origine sur la carte mondiale.  Des histoires de colonisation, de dictatures, de démocratie étaient entre autres de la partie.

Dakar, cette ville au climat serein, visiblement pacifique, regorge de sites touristiques et historiques qui fascinent les regards. Du monument de la Renaissance africaine, en passant par la grande mosquée de Dakar, jusqu’à la fameuse Ile de Gorée, nous en avions eu pour nos grands yeux. La ville de l’éminent Cheikh Anta Diop, bien accueillante, progresse sur le plan de l’urbanisation. Elle bouge.  Les forces de l’ordre sont quasiment invisibles, comme si tout était en ordre. Les commerçants, du coin des rues jusqu’aux grands magasins, reconnaissent très vite les visiteurs. Et du coup, ils en profitent pour augmenter le prix des produits. Si l’on veut faire des achats, mieux vaut se faire accompagner d’un africain. Par moment, j’ai dû demander à certains des amis haïtiens d’essayer d’adopter l’accent sénégalais. « S’ils découvrent que vous n’êtes pas sénégalais, les produits vont couter les yeux de la tête » m’a confié un blogueur du vieux continent.

Par ailleurs, tous les matins, mes yeux sont tombés sur ce phénomène apparemment de pratique particulière au Sénégal : les talibés. Ce sont des enfants, disciples du  Marabout, ne parlant pas nécessairement français, appartenant à des écoles coraniques qui sont obligés de faire l’aumône conformément aux principes. Mendier tous les jours fait partie de leur apprentissage. Par nécessité ou par obligation, la mendicité reste un fléau au Sénégal.

La carte de la prudence, malgré tout

A notre arrivée, les responsables de la formation ont placé des consignes de sécurité à respecter tout au long de la formation. Ne pas sortir seul ni trop groupé, ne pas tenir trop la parole aux inconnus, etc. Les récents événements qu’ont connus Paris et Bamako nous ont forcés à rester sur nos gardes.

Dans la foulée, je me rappelle tout aussi cette phrase d’un confrère sénégalais pour qui je suis un « frère africain exilé en Amériques », sur les consignes routières : « Hey ! Les amis, comportez-vous bien sur la route. Ici, nous avons beaucoup plus de CHAUFFARDS que des CHAUFFEURS ».  Donc, les mauvais conducteurs sont très fréquents là-bas.

L’Ile de Gorée, petite rencontre avec l’histoire

Des visiteurs de l'Ile de Gorée...
Des visiteurs de l’Ile de Gorée…

Si vous aviez visité Sénégal, sans l’aventure de l’Ile de Gorée, faites donc demi-tour ! Vous avez loupé un épisode. Il n’y pas que le côté historique, mais artistique et touristique de l’île. Dès qu’on arrive en gare de liaison maritime de Dakar-Gorée, on peut ressentir l’ambiance chaleureuse qui anime l’espace. Venus du monde entier, les visiteurs y accèdent via une chaloupe faisant la navette à des heures précises. Mais attention, il faut payer selon un tarif variant selon qu’on soit résident du Sénégal, de l’Afrique ou d’ailleurs.

L’île, vue depuis la chaloupe, attise les émotions. Étalée sur 900 mètres de long et 300 mètres de large, elle comporte 1200 habitants, 800 musulmans  et 400 chrétiens, nous a informés le guide placé à notre disposition, soulignant que, pour s’approprier une maison dans l’Ile, le prix peut être élevé jusqu’à un million de dollars.

L’Ile de Gorée se recouvre d’une charge historique unique. Là-bas, à la maison des esclaves sont placées des cellules jouant un rôle précis dans les annales de l’histoire de ce continent. De la cellule des jeunes filles, en passant par celles des récalcitrants où l’on punissait les esclaves rebelles, jusqu’à la vue sur la célèbre Porte du non-retour s’orientant vers la mer, tout y est pour friser les émotions et faire pleurer.  A rappeler que l’actuel président américain avait déclaré, lors de sa visite à l’Ile de Gorée, en juin 2013, que c’était un moment fort  pour un président africain-américain de visiter ce site.

L’expérience était plutôt enrichissante. Les mondoblogueurs sont sortis avec des techniques qui leur permettront d’être plus efficaces dans le monde du blogging francophone.

Worlgenson NOEL

gensonoel@gmail.com


Mes observations sur les élections générales en Haïti

Crédit image: loophaiti.com
Crédit image: loophaiti.com

Tant bien que mal ! Les autorités et des observateurs sont censés unanimes à reconnaître que des efforts ont été consentis pour assurer le bon déroulement des élections du 25 octobre. 30 % de la population avaient pris part à ces élections, contre 18 % enregistrés le 9 août dernier. Hormis les cas d’irrégularités et quelques incidents enregistrés, il semble avoir lieu de se faire une satisfaction. C’est intéressant ! Toutefois, cette période électorale m’a permis de faire quelques remarques. Elle m’a surtout aidé à comprendre mieux une menace que représentent certains leaders sur la scène politique, notamment les populistes avérés ou en miniature. Lesquels participent à accroitre davantage les disparités sociales qui caractérisent différentes couches du pays.

Tant dans les discours de certains, bien avant ou durant le processus électoral, que dans les agissements de certains autres, nombreux sont des éléments qui tendaient à entériner le fossé qui caractérise les classes sociales dans le pays. Que ce soit du côté de l’administration en place, où l’on n’a pas manqué de cracher sur les partis politiques de l’opposition, l’élite intellectuelle, la presse, etc. ; du côté de cette classe politique, notamment des acteurs de cette opposition-là, il n’existait aucun projet de société proposé à la nation, même pour préparer l’après-Martelly. Mais, les mésententes, les intérêts mesquins ont pris le dessus. Tous, ils voulaient, chacun de sa cabale, s’emparer du pouvoir. D’où le sens de cette pléthore de candidats qui ont participé aux élections. A cet effet, rien de sérieux ne pourrait s’augurer venant de leur part.

Coup d’œil sur les réseaux sociaux 

Jamais, je n’avais assisté à autant de mouvement sur les réseaux sociaux durant cette période électorale. Twitter, Facebook et surtout la plateforme whatsapp ont servi d’outils par lesquels se propagent toutes sortes d’intoxications de l’opinion. Rumeurs, montages, coups de langue sur les uns et les autres des candidats; manipulation et propagande de toutes sortes au profit et/ou à l’encontre des uns et des autres, ont dominé ces plateformes. Des candidats, leurs partisans et leurs sympathisants ; de vrais ou de vraisemblables sondages d’opinion n’ont pas manqué de surchauffer les forums de discussions. Une véritable guerre de positionnement sur l’échiquier politique!

Le syndrome du coup de chance ?

Par ailleurs, il m’a été permis d’identifier trois catégories de candidats qui se présentent comme les seuls détenteurs de la baguette magique qui sauvera Haïti de son marasme. D’abord, j’ai identifié ce petit groupe de novices, les candidats « poids plume », sans vision, ni programme, atteints du syndrome du coup de  chance. Quoique  totalement méconnus de la scène politique, voire de l’ensemble de la population, mais bourrés d’audace, ils tentent le coup. D’entrée de jeu, il faut reconnaitre que l’avènement surprise de l’ex-chanteur au pouvoir, Sweet-Micky, lors des élections de 2010  ayant fait boule de neige sur la scène politique haïtienne, a servi de motivation pour cette catégorie. Monsieur Martelly au pouvoir avait représenté un véritable coup pour la classe politique traditionnelle. Il était un nouveau souffle. Du sang neuf. On aurait dit que le peuple en avait ras le bol de l’élite politique. Et zut ! Le déclic. La chance qui passe. Tout le monde veut la tenter.

Ensuite, il y a ceux qui ont milité longtemps sur la scène politique, mais qui  n’ont jamais eu la chance d’occuper de hautes fonctions dans l’administration de l’Etat. Leaders de partis, de regroupements,  ou de plateformes politiques. En plus d’être compétents, ils ont probablement de la bonne volonté. Mais, avec une posture trop intellectuelle, planant et stagnant dans leur espace, ils n’atteignent pas le peuple.

Cela dit, ces élections représentent l’occasion de mieux faire parler d’eux. Ils savent qu’ils n’auront pas la bonne grâce de la population pour être dans la magistrature suprême de l’Etat, mais ils sont « Premiers ministrables, ou ministrables tout simplement. La chance leur sourit. Ils sourient avec. Qui sait ? Enfin, il existe des leaders populistes ou apprentis-populistes qui touchent aux cordes sensibles de la population, avec des discours rêveurs. Ils illusionnent les gens en promettant de remuer ciel et terre pour changer leur condition de vie. « Pawòl tafya », dirait-on chez nous ! En revanche, ce qui est manifestement fragile avec eux, ils se livrent à des pratiques renforçant les disparités entre les différentes couches sociales du pays. Ils s’opposent aux partis politiques qui militent pour l’avancement de la démocratie depuis des années. Ils dressent des éléments de la population contre les intellectuels de ce pays.

Ces acteurs populistes, véritables prédateurs de la démocratie

Aujourd’hui, la faillite des élites politique a provoqué de nouveaux comportements au sein de la population quant à la manière de choisir ses représentants. Elle engendre le déchaînement d’une catégorie d’individusd’individus qui, venus de nulle part, sous le couvert de la démocratie, se vantent d’être porteurs d’espoir pour ce pays. Tous se présentent sur la scène politique avec des solutions-recettes pour régler les différents problèmes du peuple. Novices, amateurs, populistes avérés ou populistes en gestation, ils sont aveuglés par l’obsession de la prise du pouvoir. Ils veulent réussir.

Mais ces populistes habiles avec des discours multicolores, dressent les citoyens défavorisés contre les élites dirigeantes. Ils influencent grandement le mépris de cette population à choisir des candidats visiblement honnêtes et porteurs de discours rationnels et pragmatiques. Ces candidats populistes, en véritables prédateurs de la démocratie, dans leur costume de messie tentent de faire rêver la population. A ce propos, comme le rapportent Michaël Franssen et Julien Milquet :

En se réclamant du peuple et de ses aspirations profondes, les populistes se présentent comme les grands défenseurs du peuple contre les torts qui lui sont faits et envers l’élite au pouvoir en proposant des solutions simples à des problèmes très complexes, souvent difficiles à comprendre par la population. » Ainsi, ils usent d’une « rhétorique structurée par le blâme et l’éloge : elle est antiélitiste, exalte le peuple et insiste sur le pathos de l’homme du commun, sur la communication directe avec les hommes ordinaires, égaux entre eux par la simplicité, l’honnêteté et la santé qu’ils sont censés posséder ». Il s’agit en réalité, d’une forme directe d’appel aux « masses » pour atteindre cet idéal utopique d’un gouvernement « du peuple, par le peuple et pour le peuple » (Franssen et Milquet, 2011 : 4 in Le populisme;une vague qui déferle sur le vieux continent).

Cela étant, de notre avis, ces populistes constituent de véritables prédateurs de la conscience de la majorité, notamment les couches défavorisées qui, dépossédées d’un pouvoir d’achat considérable, ne pensent qu’à la gestion de leur survie au quotidien.

Certes, les conditions matérielles d’existence, les précarités socio-économiques de la population la rendent vulnérable et sujette à toute manipulation de ces candidats, sans vergogne qui, pour avoir le pouvoir, promettent les yeux de la tête. Ils vont jusqu’à mercantiliser le vote du citoyen qui entre dans leur jeu. Mais, cette pratique désormais récurrente dans les campagnes électorales, représentent une menace pour l’avenir de la démocratie en Haïti. Le sens du civisme, du patriotisme, et de citoyenneté qui devraient caractériser le comportement du citoyen est le cadet des préoccupations. Un  vrai malaise sociétal dont les acteurs gouvernants doivent prendre en compte, s’ils veulent participer à la (re) construction de cette nation.

Pour barrer la route à ses arrivistes qui ne pensent qu’à leurs intérêts mesquins, il faut tirer leçons de leur passé sur la scène politique. Les expériences de ces dernières décennies nous ont appris à nous méfier de ces acteurs dangereux qui plantent leurs racines dans l’environnement politique du pays. Les conditions de vie de la population n’ont pas vraiment changé.

Worlgenson NOEL

gensonoel@gmail.com


Haïti : y a-t-il possibilité de se remettre du fiasco électoral du 9 août ?

Crédit/image: www.presslakay.com
Crédit/image: www.presslakay.com

Les législatives du 9 août ont laissé un goût amer au sein de la société haïtienne. À un mois de l’organisation du premier tour de ces élections, les esprits chauffent encore. Toujours pas de résultats définitifs. Le conseil électoral provisoire est pris dans un engrenage. La société est divisée. Les protestations, de part et d’autre, pleuvent. Candidats de tout augure, et partisans de candidats, même les vrais perdants, sans scrupule, sortent leurs griffes pour placer des revendications au conseil électoral. Sans compter d’autres secteurs de la vie nationale qui n’ont pas manqué de dénoncer les nombreuses irrégularités et les violences enregistrées lors de cette journée électorale.

En ce sens, certains veulent que des correctifs soient apportés par le CEP pour éviter d’empirer la crise de l’après-9 août. Pour d’autres, il faut non seulement l’annulation de cette journée électorale, mais aussi la démission des membres du conseil électoral provisoire, notamment le président Pierre Louis Opont placé au sommet du banc des accusés.

En effet, le 9 août 2015 se révèle l’une des pires journées électorales qu’Haïti n’ait jamais connue depuis les dernières décennies. Hormis les nombreuses irrégularités caractérisant le processus, les problèmes d’identification des centres de vote par les citoyens, de mandats pour les mandataires des partis politiques, les cas de fraudes massives et les désordres orchestrés par les actes de violence des candidats avec leurs partisans étaient au rendez-vous.

Par ailleurs, c’était aussi l’occasion de comprendre le niveau de lassitude de la population face à des acteurs politiques en manque de crédibilité sur la scène. Des amateurs et arrivistes de tous poils se présentent comme les seuls « messies » capables de tirer Haïti de son marasme actuel. Et pour  exprimer sa méfiance ce jour, au-delà de l’atmosphère d’inquiétude générée depuis la veille par les risques de violences annoncées, la population haïtienne a boudé ces élections. Un vrai rejet.

De la vraie pagaille électorale : le rapport du RNDDH confirme !

Selon le rapport post-élection dressé par le Réseau national de défense de droits humains, « de nombreux partis politiques et candidats pour la plupart n’ont pas mené campagne parce qu’ils se sont reposés sur la force de l’argent et des armes en utilisant des partisans zélés, prêts à tout». Le RNDDH dénonce, par ailleurs, l’impuissance des autorités policières face au climat de tension ce jour-là. « Le comportement affiché par les autorités policières en la circonstance s’est révélé inapproprié, incompatible avec leur mission de garantir l’ordre et la sécurité du processus électoral», soutient le réseau.

De véritables boucs émissaires ?  

Lors de la conférence de presse présentée après les élections, le CEP a dressé un bilan mitigé sur le processus électoral. Des décisions ont été prises. Des centres de vote ont été annulés. Certains candidats accusés d’être des fauteurs de troubles ont été sanctionnés conformément à la loi électorale. La réorganisation des élections est annoncée dans certaines régions du pays pour cause de vastes fraudes de certains candidats. Mais, ces décisions sont loin d’apaiser les contestations et surtout les protestations survenues à la suite de ce désastre électoral.

Indexé et accusé d’être responsable du fiasco de la journée électorale du 9 août, Pierre Louis Opont risque d’en faire les frais. Candidats de toutes sortes, adversaires d’hier, forment un faisceau conjoncturel pour exiger que des sanctions soient prises. Le Front national des candidats engagés pour la lutte démocratique a déjà gagné les rues pour exiger l’annulation de la journée électorale et la démission des membres du CEP, principalement le président Opont. La plupart des candidats se démarquent de toute implication dans la crise de cette journée spéciale. Tous, ils s’excusent en accusant d’autres. Mauvaise pratique. Les vrais coupables seront toujours dans la nature. Ils s’exclament d’avoir tout gâché. Parce qu’ils y prennent plaisir. Ces éternels mauvais perdants se réjouissent et font leur beurre dans le désordre.

Une carence d’éducation citoyenne

Toutefois, il est clair que ces élections révèlent le degré d’immaturité politique du peuple haïtien. Elles permettent surtout de comprendre le flou qui caractérise l’apprentissage démocratique de ceux qui évoluent dans le monde politique haïtien. Certes, les principes démocratiques permettent à n’importe quel citoyen de jouir de ses droits civils et politiques, mais il revient aux structures sociales de mettre des garde-fous pour éviter cette prolifération constatée sur la scène politique d’un ensemble d’individus dont la plupart sortent de nulle part, sans aucune formation politique. Ils sont prêts à tout pour arriver à leurs fins. Des pratiques mercantilistes. Des marchandages politiques. Des actes de violence au détriment de tous. Tous les moyens sont bons. Il suffit de satisfaire leur ego, leurs propres intérêts, et non ceux de la collectivité.

Quant aux citoyens, c’est évident qu’ils n’ont pas conscience de l’impact que leur choix, à travers le vote d’un candidat, peut avoir dans la gestion des affaires publiques. Si tel était le cas, Haïti ne serait pas dans ce piteux état. Cette prédisposition du citoyen à liquider sa conscience, en commercialisant son droit de vote, pouvant être le fruit de notre état de pauvreté, prouve… son ignorance dans la connaissance de ses droits comme citoyen. Cette attitude le rend responsable des malheurs du pays en mettant aux timons des affaires de la République des voyous dépourvus de patriotisme et de nationalisme.

D’où la nécessité de repenser la manière de construire l’individu-citoyen haïtien, en lui inculquant le sens du civisme et du patriotisme. Cela lui rendra responsable et l’empêchera de liquider sa conscience au plus offrant, à tout venant marchandant son vote. Pour cela, des mesures rapides doivent être prises pour apprendre aux peuples les systèmes politiques, notamment les principes démocratiques. Lesquels principes l’abstiendraient de toutes tentatives de corruption de la part des acteurs politiques.

C’est indéniable ! Les intérêts et les enjeux font gonfler les nerfs des acteurs les plus concernés par les élections. Toutefois, au regard de la conjoncture actuelle, la plupart des citoyens restent perplexes face aux prochaines décisions qui seront prises par le CEP. Va-t-il tenir compte de l’ensemble des revendications des protestataires ? Quelles seront les mesures prises pour réaliser les présidentielles à venir ?

Worlgenson NOEL

 

 


Haïti/Immigration: entre service et « mounpaïsme » riment frustration et colère

Crédit image: www.haitianinternet.com
Crédit image: www.haitianinternet.com

S’il vous est difficile de contrôler vos nerfs, ne tentez pas l’expérience de vous rendre aux bureaux des services de l’immigration d’Haïti. Vous risquez de péter les plombs dans cet espace surchauffé et surpeuplé. Mais, si vous êtes obligés d’y mettre les pieds pour des raisons de passeport, n’oubliez pas d’annuler l’ensemble de vos rendez-vous. Outre les grands retards dans les services, les agents dédaignent le simple citoyen, lui préférant les personnes argentées. On les appelle d’ailleurs les « agents-raquetteurs », et leur pratique est appelée « mounpaïsme ». Tout y est pour engendrer et réchauffer les spectres de frustration et de colère qui habitent la plupart des Haïtiens déjà à en proie à une vie dure.

Une qualité de service exécrable   

Ce n’est pas un secret de polichinelle, la quasi-totalité des bureaux de l’administration publique en Haïti fonctionne mal (avec une défaillance flagrante en matière d’accueil et de service). Le simple citoyen n’a pas besoin de connaître les principes de l’administration pour reconnaître la qualité de service offerte par une institution. Un service de bonne qualité saute aux yeux et procure le désir d’y revenir. Et bien non ! Au service de l’immigration et de l’émigration de Lalue, à Port-au-Prince, les agents bougonnent, s’énervent, crient.

La plupart ne sont pas à la hauteur de leur tâche. Ils sont vraisemblablement de mèche avec d’autres individus apparemment plus importants qui, même s’ils arrivent en dernier, sont servis avant tous les autres debout depuis des heures. Il s’agit d’une des sources de frustration et de colère, dirais-je, légitime du citoyen. Tandis que, pour l’éviter, il pourrait exister un bureau spécial pour ces individus spéciaux! Ouf ! Le désordre.

Toutefois, cet « état de fait» décrit est surtout valable pour les personnes qui n’ont pas les moyens pour payer une agence ou de tierces personnes que certains appelleraient agents-raquetteurs et que moi, je nommerais d’agents aux services spéciaux réclamant une somme excédant considérablement celle demandée par l’institution, à fin de garantir une livraison de passeport en un temps record.

Crédit image: www.hpnhaiti.com
Crédit image: www.hpnhaiti.com

Un déficit de sécurité

À côté de tout cela, il se pose un problème de sécurité dans les locaux de l’immigration et de l’émigration d’Haïti, vu la demande pompeuse au quotidien de passeport. Les gens d’horizons divers du pays arrivent en masse devant les différents espaces de service de l’institution, à Lalue. Pourtant, les mesures de sécurité laissent à désirer. Bien qu’il existe des agents de sécurité à l’entrée, il suffit de dire la raison de sa présence aux bureaux de l’immigration, et l’entrée est libre. Pas de fouille systématique. Rien du tout. Cela dit, tout le monde à l’intérieur court des risques. N’importe quel détraqué peut décider de satisfaire ses fantasmes criminels. L’espace est vulnérable. Mais, « Dieu soit loué ! », diraient certains. Nous continuons de vivre dans la sérénité. Nous n’exigeons pas beaucoup, au-delà de nos conditions de vie difficiles.

Des décisions à prendre

Certes, la problématique du « sous-emploi » des employés de l’administration publique peut affecter leurs manières de fonctionner, jusqu’à provoquer des actes de corruption. Mais, cela ne doit nullement justifier le mauvais accueil et le piteux état de service dont il est sujet dans ce billet. Il revient alors aux autorités de l’État d’assumer leurs responsabilités, en apportant un nouveau regard sur le fonctionnement de l’administration publique. Les citoyens, en tant que contribuables, ne doivent plus continuer à subir l’incompétence ou le manque de volonté des employés de l’administration publique.

Pour avoir une société où les citoyens se sentent appartenir à leur pays, il faut donc qu’ils soient traités avec respect et dignité par leurs concitoyens !

Vers une rénovation de l’administration publique haïtienne !

 

  1. Le concept de « mounpaïsme » est utilisé dans le milieu social haïtien, pour traduire un comportement de favoritisme manifesté à l’endroit d’un proche, d’un ami, au détriment d’un autre.

Worlgenson NOEL


Haïti-Société: Gonapréfac, un exemple de solidarité et de volontariat à succès

Chaque année, depuis une décennie, Gonapréfac n’a pas manqué de permettre à des jeunes parmi les meilleurs à intégrer les différentes entités de l’université d’Etat d’Haïti et d’autres centres universitaires du pays ou ailleurs. Bien qu’elle soit critiquée pour ses méthodes de travail : beaucoup de pression, nombreux sont les jeunes qui souhaitent être choisis. Quelle est la clHaïti-SociétéGonapréfac  un exemple de solidarité et de volontariat à succèsé de son succès ? Comment est-elle vue par ses membres ? Postulants d’hier, étudiants, professionnels et encadreurs d’aujourd’hui nous livrent leurs opinions.  

Depuis dix ans, la cité de l’Indépendance, Gonaïves n’a pas cessé de s’enorgueillir du nombre grandissant de jeunes qui pénètrent le monde universitaire. Qu’il s’agisse de l’université d’Etat d’Haïti ou d’autres universités. Cette nouvelle génération de jeunes manifeste un grand intérêt pour les études, pour le savoir. Mais tout ce bon résultat enregistré provient en grande partie de l’effort de jeunes étudiants qui, par l’entremise d’une structure de formation – ou-mieux d’initiation à l’université portant le nom de la ville, Gonapréfac, choisissent de partager leurs connaissances.

A chaque période estivale, postulants d’hier, étudiants, professionnels et encadreurs d’aujourd’hui, tous, ils mettent les mains à la patte pour garder l’héritage en pompe dans la cité de l’Indépendance. Régulièrement, ils sont nombreux à défiler aux Gonaïves pour continuer à tenir le flambeau allumé, en apprenant aux jeunes les rouages du monde universitaire, ainsi que la manière de faire face à des épreuves de la vie.

Sans un moindre centime, au-delà de tout jugement d’appartenance sociale, politique et religieuse, ces étudiants originaires de la région se sacrifient pour la réussite des bacheliers à l’université. Tous, avec l’idée d’avoir rendu service à leur communauté, participent dans la formation des futurs cadres qui seront à même d’investir leur savoir au profit de cette société haïtienne déjà en manque de compétence et en proie à la dérive.

Les gens ne paient pas pour intégrer Gonapréfac, hormis les 100 gourdes (monnaie locale) qui leur sont réclamées pour la procuration de leur badge, aprės inscription. Si plus d’un tende à critiquer le mode de fonctionnement de la préfac pour sa pression, d’autres estiment au contraire que cette pression blesse parfois, mais surtout exige des postulants au travail beaucoup d’investissement et favorise les résultats positifs. Toutefois, l’évidence est que, chaque année, ils sont des centaines à manifester leur intérêt de fréquenter cette « école de réussite » en exercice depuis 2005.

Des postulants à Gonapréfac
Des postulants à Gonapréfac

Les encadreurs d’aujourd’hui, postulants d’hier donnent leurs avis

Pour Cassandre Joseph, Gonapréfac représente la première expérience-choc de sa vie. « J’avais eu peur de fréquenter Gonapréfac. Dès la période d’inscription, la pression était déjà très forte ! Ce n’est qu’après que je me suis adaptée. Elle m’a appris à vaincre mes peurs : celle de me détacher de mes parents pour aller étudier ailleurs et celle d’affronter des réalités de la vie.», témoigne fièrement l’étudiante en sciences administratives à l’université Notre-Dame d’Haïti. M’étudiante estime que cette activité qui représente l’avenir de la cité de l’Indépendance nécessite l’encouragement de l’ensemble de la société.

« Gonapréfac est une preuve concrète d’une réussite d’ensemble. Il s’agit d’un vaste mouvement de solidarité en support à nos bacheliers de la région», affirme Andersen Honorat, actuel coordinateur adjoint de la structure. « C’est aussi un espace de rencontre de plusieurs générations de jeunes de plusieurs facultés pour discuter des différents maux de la société haïtienne »,  renchérit avec enthousiasme l’étudiant en génie civil à la faculté des sciences pour  témoigner de l’utilité de cette activité dans la ville.

L’étudiant en psychologie (FASCH), WoodVary Cajuste pense que Gonapréfac est un modèle à suivre par d’autres acteurs dans la société. C’est aussi et surtout selon lui « une occasion donnée aux parents et aux enfants, n’étant pas en mesure de payer les universités privées, d’intégrer l’université d’Etat d’Haïti sur concours ». Le jeune étudiant en anthropo-sociologie de la Faculté d’Ethnologie, Jeff Prophil, souligne que le dynamisme et la perspicacité, la dextérité dans la manière de procéder, la solidarité entre les différents acteurs, constituent la force de Gonapréfac.

De succès en succès, cette structure de mise à niveau créée par les jeunes, pour les jeunes,  marque son territoire dans la cour des grandes autres préfacs sur le territoire. Lounès Félicin, actuel coordinateur de la structure, étudiant en service social (FASCH), situe Gonapréfac dans le cadre d’une  activité citoyenne de service à la communauté. « Depuis les cinq dernières années, nous permettons en moyenne à une soixantaine de jeunes d’intégrer l’université», s’enthousiasme-t-il.

Alors que Jimmy Saint vil s’enorgueillit de la qualité du travail accompli, Edwidge Petit-Frère met l’accent sur ce qui fait l’importance de l’activité. « Nous faisons un travail de déconstruction d’un ensemble de complexes et clichés tirés du niveau classique. Nous agissons sur leur mental, en essayant de leur inculquer des notions qui les préparent à l’avenir », soutient Jimmy,  l’étudiant en gestion des affaires de l’Institut national d’administration de gestion et des hautes études internationales, tout appelant les organisateurs à bannir certaines tares qui peuvent ternir l’image de cette activité. Et pour sa part,  Jean Edwidge Petit-frère, étudiant en sciences politiques de la même parle d’une « initiative citoyenne favorisant la jeunesse à accéder à ce haut lieu du savoir et de l’influence sociétale par excellence qu’est l’université ».

Fraîchement élu comme responsable de l’axe des sciences humaines, Kender Archélus, dit attendre  cette année encore une volonté de recevoir de la part des postulants ce que les encadreurs comptent les offrir en termes de formation. L’étudiant en travail social à l’université d’Etat d’Haïti avoue qu’il intègre cette structure avec un sentiment de fierté et la volonté de servir. Néanmoins, il exige  de la motivation de la part des postulants et des encadreurs à qui il revient la lourde tâche de combler les lacunes de ces jeunes.

Si de nos jours, beaucoup se plaignent du manque d’implication de la jeunesse dans le processus d’avancement du pays, ces jeunes étudiants peuvent se réjouir d’avoir fait, jusqu’à présent, œuvre qui vaille en participant à la formation des jeunes bacheliers désireux de fréquenter l’univers universitaire.

Gonapréfac, une des plus belles initiatives de la ville, reste un exemple de solidarité et de volontariat chez les jeunes animés par la volonté d’aider et de contribuer au progrès d’Haïti. L’engagement pris par ces jeunes, étudiants, professionnels et encadreurs d’aujourd’hui, postulants d’hier, s’impose comme un modèle de réussite à suivre par d’autres gens à d’autres sphères d’activité en vue de la (re) construction effective de la société haïtienne.

Worlgenson NOEL


Haïti/Livres en folie: Des étudiants critiquent et proposent

Des participants au Parc Historique de la canne à sucre
Des participants au Parc Historique de la canne à sucre

Décidément, « Livres en folie » se dessine et s’impose comme la plus grande manifestation du livre en Haïti. L’événement est unique et devient incontournable pour les amants du livre et les passionnés de la lecture.  « Livres en Folie » continue de drainer la grande foule. De fait, tous, petits et grands, écoliers, étudiants, professeurs et autres individus de catégories sociales confondues étaient des milliers à prendre part à cet événement qui s’est tenu au Parc Historique de la Canne à sucre, les 4 et 5 juin 2015, à Port-au-Prince. Les organisateurs de cette édition estiment à plus d’une dizaine de maisons d’édition le nombre de participants, avec 1864 titres disponibles et 164 auteurs en signature. Une quantité assez considérable tenant compte de la date du lancement de cette activité depuis 1994. Et, pour cette 21ème édition, Syto CAVE, dramaturge, poète et compositeur de chants, qui est passé pour un mastodonte dans le monde culturel haïtien, a été consacré « l’invité d’honneur ».

Toutefois, quant à la manière d’organiser l’événement, il est judicieux de souligner les avis partagés des étudiants de l’Université d’Etat d’Haïti. Ces derniers exhibent leurs critiques et font des  propositions devant servir à l’amélioration de cette activité.  En effet, « Il y a trop de papiers légers  à livres en folie », remarque Hadson ALBERT, jeune blogueur à Mondoblog-RFI, étudiant en Communication à la Faculté des Sciences Humaines (FASCH). « Des auteurs viennent et reviennent chaque année avec différents types d’ouvrages, mais présentent des textes, pour la plupart, vide de contenus », poursuit-il, en se questionnant sur les critères de recrutement utilisés pour participer à Livres en Folie. Il en a profité pour encourager les auteurs à la production scientifique, ainsi que les organisateurs à susciter l’intérêt du public particulièrement par la promotion de ces genres d’ouvrages.

Dans le même ordre d’idées, Luckens LEGROS, qui étudie les lettres modernes à l’Ecole Normale Supérieure, croit que, d’une part, les auteurs et les maisons d’édition doivent faire plus d’efforts pour améliorer la qualité et la présentation des ouvrages dont la plupart laissent encore à désirer cette année. D’autre part, il propose que les organisateurs accordent plus de visibilité aux plus jeunes auteurs qui cherchent à se créer une place dans le domaine littéraire.

L'invité d'honneur de Livres en Folie
L’invité d’honneur de Livres en Folie

D’entrée de jeu, il n’est pas à nier que tous ne se présentent pas à Livres en folie avec les mêmes motivations. Si certains viennent pour voir les auteurs et acheter leurs ouvrages, d’autres viennent pour les rencontres, les échanges et le divertissement. Mais les partenaires, eux, sont là rien que pour tirer leurs avantages du jeu. C’est en ce sens qu’une catégorie d’étudiants articulent leurs propos.

En effet, pour Lorvens AURELIEN, étudiant en Anthropo-sociologie à la Faculté d’Ethnologie, « Livres en Folie est un espace d’embourgeoisement, un lieu de  vente et non de circulation de textes ». L’étudiant, ne mâchant pas ses propos, regrette qu’il n’y ait pas de discussions faites sur les textes présentés au public, mais croit que ce sont les intérêts économiques des partenaires qui prédominent. Cela dit, hormis l’aspect culturel et social, le côté marchand de l’activité avait été très mis en vigueur. Le prix de la rentrée fixé à 300gourdes (monnaie haïtienne) par jour, celui des produits de consommation peuvent en témoigner. Donc, pour lui, Livres en folie est strictement la manifestation de l’expressivité de l’économie d’échelle. Les partenaires gagnent à tous les coups. C’est un avis quasiment partagé par l’étudiant en économie du Centre de Techniques de Planification et d’économie Appliquée (CTPEA), Enomy GERMAIN qui, en dehors de toute autre considération positive, pense que «  Livres en folie est une activité qui vend des auteurs, des maisons d’édition et des livres. C’est la dimension échange des livres contre de l’argent qui semble avoir la priorité ».

Par ailleurs, Cawn Mala OSNE invite les organisateurs à résoudre au problème d’acquisition de livres qu’enregistrent les participants à Livres en folie. Cet étudiant finissant en communication à la Faculté des Sciences Humaines estime que le processus d’achat de l’ouvrage de son choix est compliqué. Et pour sa part, Wenchel OCCEUS, étudiant en administration publique à l’Institut  National d’Administration, de Gestion et des Hautes Etudes Internationales (INAGHEI), déplore le fait que le public ne soit pas mis au parfum à temps de la promotion des différents auteurs et œuvres disponibles à Livres en folie. Les organisateurs de cet événement doivent penser à toute une mobilisation autour des ouvrages et des auteurs, au grand public, a-t-il suggéré.

Porter son regard sur l’organisation de Livres en folie, comme espace de contact avec des ouvrages, permettra donc aux organisateurs d’apporter des changements qui pourraient rehausser l’éclat de cette manifestation culturelle à nulle autre pareille connue en Haïti, notamment dans le domaine du livre.

Worlgenson NOEL

 


Monsieur, combien coûte ce récipient d’eau s’il vous plaît ?

Cri d’alarme !

Des gens s'alignant pour acheter de l'eau
Des gens s’alignant pour acheter de l’eau

A l’heure actuelle, dans certains quartiers de Port-au-Prince, les habitants sont confrontés à une pénurie d’eau affectant leur pratique de vie. A Carrefour-Feuilles, situé à quelques pas du centre-ville, un des quartiers de la capitale les plus touchés par le séisme ravageur du 12 janvier 2010, cette réalité paraît plus évidente. Les habitants de la zone, petits et grands partent à la recherche d’eau matin et soir pour leurs différents besoins. Sinon, ils doivent attendre que les camions passent, avec des récipients d’eau, pour pouvoir en acheter.

Depuis des mois, la majorité des canaux de distribution d’eau de la zone sont à sec. Aucune information officielle n’a été véhiculée. Ni autorité locale, ni responsable des réseaux de distribution d’eau, n’a songé à rassurer la population. Tout le monde s’en fiche. Et la population, n’exigeant aucune explication, bien qu’elle s’en plaigne, se résigne. Les habitants se débrouillent seuls.

L’image est médiévale, pathétique et pitoyable. C’est inadmissible en ce grand 21e siècle où tout se modernise, de voir, au grand jour dans la capitale de telles réalités. Cette population vit encore dans la crasse. C’est à peine croyable. L’Etat est faible et n’a manifestement pas de regard sur cette réalité à laquelle sont confrontés les habitants de cette communauté depuis plus de deux mois.

Monsieur,-combien -coûte-ce-récipient d-eau-sil-vous plaitD’ailleurs, ce n’est un secret pour personne qu’en Haïti les conditions relatives à la gestion d’eau et d’assainissement se révèlent catastrophiques. Jusqu’à présent, une bonne partie de l’ensemble de la population n’a pas accès à l’eau potable, notamment dans les zones rurales. Selon l’Unicep, « près de 3 millions d’Haïtiens puisent l’eau de boisson dans les rivières et dans des sources non protégées, donc une eau de qualité douteuse contribuant à la prévalence des cas de diarrhée chez les enfants. »

Cela dit, la faiblesse institutionnelle accrue, caractérisant ce pays déjà sous-développé, induit nécessairement à une forme de négligence à l’endroit de la population tout entière.  A bien des égards, l’appareil étatique n’arrive pas à placer un strict contrôle sur un ensemble d’éléments stratégiques lui permettant de satisfaire les différents besoins de sa population en bonne et due forme. Et indéniablement, sa désorganisation prête le flanc à des particuliers (individus) qui, sous le couvert de bons samaritains, profitent pour faire leur beurre dans cette situation malheureuse. C’est donc le résultat d’une société en faillite où l’Etat peine à attribuer une certaine valeur aux citoyens dont il a la charge.

Sur ce, nous en appelons à la responsabilité des autorités. Cette réalité ne peut plus perdurer. Ce n’est pas digne d’un peuple qui a marqué l’histoire par la révolution aboutissant à son Indépendance depuis plus de 200 ans ; qui a combattu et s’est libéré des griffes des régimes dictatoriaux ayant dirigé le pays. Ce peuple qui a connu et survécu des catastrophes naturelles (cyclones, ouragans, séisme…) mérite mieux de la part de ces dirigeants qui se révèlent définitivement incapables de gouverner ou de gérer ce petit espace de 27 000 km2.

Il est urgent que les autorités responsables en Haïti se penchent sur la situation dans ce quartier. La Direction nationale d’eau potable et assainissement (Dinepa) doit assumer ses responsabilités à cet effet. Sinon, les conséquences peuvent être fatales à l’avenir. N’ayant que le souci de subvenir aux besoins pressants des habitants, des individus, à la fois samaritains et vendeurs d’eau, ne se donneront pas la peine de veiller à la qualité de l’eau distribuée. Ils se contenteront donc d’avoir soutenu une population qui a besoin d’aide. Cela dit, on ignore ce qui peut advenir de désastreux sur l’ensemble de ses habitants.

Soyez-en avertis !

Worlgenson NOEL


Haïti/ Hollande : une déclaration qui fait jaser

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Image: https://www.haitilibre.com/

La visite du président Français en Haïti, ce mardi 12 Mai, a été tant attendue. La fameuse déclaration, faite à Pointe-à-Pitre, à l’attention des haïtiens, a fait couler beaucoup de salives dans le pays. «Quand je viendrai en Haïti, j’acquitterai la dette que nous avons », a soutenu François Hollande, le 10 mai 2015, dans  son discours à Guadeloupe, lors de l’inauguration du Mémorial ACTe, le plus grand centre d’expression et de mémoire sur la traite des esclaves.

C’est la deuxième visite d’un chef d’Etat Français en Haïti, après Nicolas Sarkozy, à la suite le séisme du 12 janvier 2010. Plus de deux cents (200) ans d’histoire, la révolte des esclaves sur la plus puissante armée de l’époque, a semblé quitter des goûts très amers chez l’ancienne Métropole, la France. Les relations entre les deux pays n’ont pas été si efficaces depuis très longtemps. L’histoire nous l’a appris. Pour avoir la reconnaissance de la France, la République d’Haïti était contrainte de verser une importante somme d’argent. Les haïtiens ne l’oublient pas. La France le reconnait également, bien qu’elle n’en parle pas souvent. Mais François Hollande vient de remettre sur le tapis ce sujet qui a été déjà abordé, maladroitement ou pas, sous la présidence de Jean Bertrand Aristide.

Toutefois, il est important de chercher à comprendre ce qui se cache derrière cette déclaration du président Français. Tout n’est pas dit. Comment la France compte-t-elle-restituer la dette de l’indépendance à Haïti ? Certains parlent déjà d’une dette « Morale ». D’autres restent perplexes. La réponse est attendue. Espérant qu’elle va combler les attentes !

Aussi faut-il dire que beaucoup d’Haïtiens craignent qu’Haïti ne conquière pas grand-chose de cette visite. Parce qu’il faut toujours se méfier des politiciens qui s’usent de la langue de bois pour berner la sensibilité des gens. Souhaitons donc que le passage de François Hollande soit l’occasion pour les deux pays de mieux faire asseoir  leurs relations diplomatiques sous de nouveaux paradigmes qui soient bénéfiques aux deux peuples.

Worlgenson NOEL