Haiti -17 octobre : entre manifestation de l’opposition et festivités du gouvernement

Article : Haiti -17 octobre : entre manifestation de l’opposition et festivités du gouvernement
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18 octobre 2014

Haiti -17 octobre : entre manifestation de l’opposition et festivités du gouvernement

A Port-au-Prince, chacun à sa manière, l’opposition ou le gouvernement, a commémoré l’assassinat du fondateur de la nation. Si d’un coté, à la piste de l’aviation, le gouvernement  fait la fête, de la propagande,  d’un autre coté, l’opposition fait les frais des agissements de la PNH, pendant  sa manifestation dans les rues de la capitale.

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Jean Daniel SENAT

Deux activités totalement parallèles dans la capitale. Dans le camp du gouvernement, le plaisir, la bamboche, la propagande sont les éléments qui ont caractérisé la manière de commémorer le 208ème anniversaire de l’assassinat de Jean-Jacques Dessalines. Des groupes musicaux sont invités à animer la foule. Alors que, la manifestation des partis politiques de l’opposition a été dispersée par la police nationale d’Haïti. Cela dit, frustrations, mécontentement et colère les embrasaient.

Ce 17 octobre, comme prévu, le mouvement patriotique de l’opposition démocratique (MOPOD), a organisé une manifestation anti-gouvernementale à Port-au-Prince. Des manifestants mécontents, frustrés, en colère, réclament le départ du président de la République. Si leur objectif était d’arriver jusqu’à Pétion-ville, la PNH, sous ses gardes, et bien qu’elle ait été mise au courant du parcours de la manif, a mis de l’eau au moulin de ceux-ci. Elle a utilisé la force. Des lancements de gaz lacrymogènes, de tirs d’armes à feu. Il fallait tout faire pour casser le feu du mouvement.

La situation était très tendue. Les manifestants se dispersaient. Beaucoup de victimes. Le bilan est néfaste. Même des journalistes, identifiés comme tels, n’étaient pas épargnés. Dans l’exercice de leur métier, ils ont été (volontairement) ciblés par les policiers. Ils étaient dans une voiture, « Pick up », identifiée comme appartenant à la presse, quand les policiers leur ont injecté de l’eau acidulée(Dlo grate). Plusieurs ont été vite amenés à l’hôpital, selon un journaliste qui intervenait sur une station de radio de la capitale. Une attaque de plus à l’endroit de la presse en Haïti.

Le parcours de la manif était clairement défini et notifié, selon les organisateurs. Mais les autorités policières ont décidé autrement. Pour sa part, l’opposant farouche du pouvoir, le Sénateur Moise Jean Charles a été victime de gaz lacrymogène. Il aurait été évanoui. Il dénonce le comportement brutal de la police nationale d’Haïti (PHN). Moise Jean Charles, qui n’a pas cessé de dénoncer les dérives du régime, appelle à la mobilisation  populaire continue contre l’administration en place et contre la MINUSTAH. Malgré sa détermination pour conduire les manifestants à destination (Pétion Ville), mais contre sa volonté, la réalité ne s’y prêtait pas. Peine perdue, dit-on !

Du même coup, les manifestants exigent  le départ de la mission des nations unies pour la stabilisation en Haïti accusée d’avoir infligé des malheurs dans le pays, notamment pour avoir introduit le « Choléra » dans le pays ayant déjà occasionné beaucoup de pertes en vie humaine. Les soldats de la  MINUSTAH ont foulé le sol national depuis 2004, sous le gouvernement provisoire de Gérard Latortue. Et depuis, chaque année consécutive, son mandat, pour une durée d’un an, n’a cessé d’être renouvelé. Encore bien une preuve de la faiblesse de nos acteurs politiques à s’entendre pour tenir les rennes du pays.

En guise de rappel, depuis la veille, le 16 octobre, le ministre de la justice et de la sécurité publique, Jean Renel Sanon, avait déjà donné un avertissement aux manifestants en cas d’éventuels comportements qui risquent de troubler à l’ordre public. Dans son message divulgué dans la presse, le ministre a laissé comprendre que des mesures seront prises contre les fauteurs de trouble. Et la police avait reçu l’ordre de prendre toutes les dispositions afin d’établir l’ordre et la paix.

Si le jour de la célébration de l’assassinat de l’empereur n’a pas servi d’opportunité à un « chita pale », une entente sur les intérêts de la nation, il y a lieu de nous questionner sur nos véritables motivations quand à l’avenir de notre pays. Même pas une trêve autour de la mort de l’Empereur!

Worlgenson NOEL

gensonoel@gmail.com

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