Juno Jean Baptiste, prix Philippe Chaffanjon 2015, une étoile montante dans la presse haïtienne

Après son reportage réalisé sur l’univers des filles de joie en Haïti, Juno Jean Baptiste gagne le prix Philippe Chaffanjon 2015. Un prix créé en l’honneur du journaliste français Philippe Chaffanjon décédé en 2013. Ce prix récompense annuellement un reportage multimédia publié dans la presse française et haïtienne. Il encourage et promeut donc des talents journalistiques haïtiens. En 2014, la première édition a été remportée par le jeune journaliste indépendant, Ralph Thomassin Joseph.
Dans « Balade de Quai-Colomb », Juno présente avec délicatesse un reportage émouvant qui attire l’attention sur des questions parfois négligées par les médias. A l’instar du fonctionnement social global haïtien, le secteur de la prostitution est en proie à des disparités, discriminations et des préjugés de toutes sortes.
Dans ce pays, comme dans le reste du monde, la prostitution reste un sujet tabou. Si dans certaines sociétés, on essaie de contrôler ce phénomène, dans d’autres le champ est libre. Avec le temps, le plus vieux métier du monde devient une industrie contrôlée par des parrains. Le marché de la prostitution fonctionne avec beaucoup d’enjeux et d’intérêts. Et « La balade de Quai-Colomb » de Juno Jean Baptiste peint la réalité d’un espace stratifié, où les rapports d’inégalités, les rapports de lutte prédominent.
Le terrain, ses difficultés
L’exercice de terrain n’a pas été facile. « Il a fallu user de toutes mes astuces pour pénétrer l’univers des prostituées », m’a confié Juno. Son reportage met à nu les conséquences de la précarité socio-économique d’une société en mal de fournir à ses jeunes d’autres alternatives. « J’ai vu et j’ai écrit l’amertume, le désespoir, la honte, la tristesse de toutes ces filles obligées d’exercer un métier contre elles-mêmes juste pour s’inventer une vie », a-t-il confié tristement.

« A un certain moment, à Saxo, on a failli laisser sa peau quand un agent a menacé d’écraser mon téléphone, en exigeant d’effacer une photo explique Juno qui a été obligé d’obtempérer.
Son regard sur le fonctionnement de la presse en Haïti
La presse haïtienne connaît des dérives énormes dont il faut tenir compte. Aujourd’hui, n’importe qui peut prétendre devenir journaliste. « Les écoles de journalisme poussent comme des champignons sans aucun contrôle sur la qualité de la formation. »
Récompenser Juno, c’est encourager l’effort d’un jeune plein de fougue. C’est aussi et surtout inviter des jeunes, aux multiples talents, à faire des efforts pour gravir les échelles avec motivation et détermination.
Bravo mon ami !
Worlgenson NOEL
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