Haïti/ élections : Monsieur le candidat, quelle est votre bannière politique ?

Article : Haïti/ élections : Monsieur le candidat, quelle est votre bannière politique ?
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23 avril 2015

Haïti/ élections : Monsieur le candidat, quelle est votre bannière politique ?

Des membres du Conseil Electoral Provisoire crédit photo:haitiinfo9.canalblog.com
Des membres du Conseil Electoral Provisoire
crédit photo:haitiinfo9.canalblog.com

Ce billet fait le récit malheureux d’un groupe de candidats à la recherche d’une structure politique, électorale, voire électoraliste devant assurer leur soutien de participation aux élections. C’est arrivé le jeudi 16 Avril 2015 à Port-au-Prince.

A l’heure des prochaines joutes électorales annoncées pour cette année en Haïti, nombreux sont des citoyens qui, démocratiquement, manifestent l’intérêt d’y participer à un niveau ou à un autre. Dans les bureaux électoraux se déferlent des candidats de toutes sortes, de tout niveau et de différentes catégories sociales, qui viennent s’inscrire. Si certains, déjà issus des bannières politiques, se font prendre en charge automatiquement par ces dernières, d’autres crèvent et peinent encore à la quête d’une instance politique devant se charger d’eux pour les prochaines élections.

En effet, nous avons fait la connaissance d’une dizaine de candidats venant des villes de Province qui ont essuyé des instants de déception de la part d’un « leader politique » en mal de paraitre sur la scène politique qui se croit être à même de charrier les revendications de la population haïtienne.

A Bois-Verna, il est 15h. Les candidats, dont certains sont arrivés à la capitale depuis la veille et, d’autres le même jour, au matin, se rencontrent enfin sous les arbres à proximité d’une compagnie de téléphonie en Haïti. L’heure était venue pour aller rencontrer le chef du parti qui, selon leurs dires, devait s’assurer, entre autres, de leur prise en charge pour les élections, et dans l’immédiat de leur frais de déplacement. Mais il semble que c’était, purement et simplement, un malentendu.

Vers 17h. Nous sommes arrivés enfin chez le patron du « petit parti politique », méconnu dans le milieu politique haïtien. Reçus sur le toit de la maison par une servante, en attente du « cher leader » qui se faisait briller par son absence qui était de trop. Plus de deux heures d’attente. Les tensions commençaient à prendre corps. Les candidats en quête de bannières politiques susurrent et font les cent pas, en exhibant leurs frustrations, jusqu’à ce qu’enfin, vers 19h30, le cher leader  se pointe avec une autre délégation des candidats présents pour la même raison.

Zut ! Un léger silence avait envahi l’espace. Si certains candidats se pressaient de se mettre debout pour les salutations d’usage, malgré leur grogne, d’autres, visiblement mécontents, restent assis à leurs sièges, mais tendent, malgré eux, la main au cher leader qui, dès son arrivée, ne tenait à donner la main qu’à ceux-là qui portaient un costume. Une grossièreté remarquable et impardonnable de départ ! Toutefois, cela semblait importer peu. Le message à faire passer avait priorité. Il lui fallait, d’un côté, présenter des excuses peu convaincantes sur son retard, et étaler, d’un autre côté, les critères d’adhésion possibles au « parti politique » qui ambitionne d’avoir une meilleure représentation au Parlement Haïtien. « Tous nos candidats doivent pouvoir bien s’exprimer, savoir lire, bien s’habiller », lâche-t-il après leur avoir demandé si leurs dossiers étaient conformes.

En revanche, le contraste était évident et absurde. Alors que le cher leader  faisait le point sur les critères d’adhésion, les candidats qui, de toute évidence, en avaient déjà marre, attendaient que leur attente soit comblée : les frais de déplacement tant attendus. Puisque se faire prendre en charge par le parti n’avait plus d’intérêt pour eux. Ridicule, mais vrai ! C’est aussi de cela qu’il s’agit dans la réalité des événements chez nous ! « C’est lui-même qui m’a assuré au téléphone qu’il prendrait en charge nos frais de transport », nous a livré tristement un candidat qui avait quitté sa ville de provenance depuis la veille.

A notre grande stupéfaction, le  cher leader, candidat à la présidence de son état, ressentant le malaise, sans gêne ni respect pour eux, dépourvu de moyens vraisemblablement, leur a charité  la somme de 60 dollars (US) aux fins de partage entre eux. Choquant ! « C’est une très mauvaise manière de nous traiter. C’est lui qui nous a fait quitter notre département, mais vainement », regrette un candidat qui n’a rien trouvé dans la distribution. L’ironie avait dépassé la limite. Certes, la plupart d’entre eux étaient incapables de tenir un discours cohérent traduisant leur motivation pour pénétrer les rouages du parlement haïtien. Mais ce traitement était de mauvais goût ! Furieux, certains d’entre eux prennent leurs bagages et décident de partir. Ils sont formels. Ils promettent de ne plus avoir affaire à ce cher leader. Mais certains autres qui, semblent-ils, étaient des nécessiteux, prennent la modique somme pour la partager.

Entre-temps, devons-nous remarquer qu’aucun de nos chers candidats n’a de doutes sur son élection. Tous, ils restent convaincus que la population de leur commune est à leur cause. Une illusion qui les aveugle et les rend hostiles à toute tentative de dissuasion visant leur décision de se porter candidat à tout prix.

Crédit image: www.maghaiti.com
Crédit image: www.maghaiti.com

Par ailleurs, la prolifération des partis et regroupements politiques se mobilisant pour les prochaines élections peut être un facteur considérable susceptible de constituer un fil à retordre pour les choix potentiels des électeurs qui seront contraints de disséquer leur vote.

Aussi faut-il souligner,  dans la foulée, que beaucoup de citoyens restent encore sceptiques quant à la réalisation des prochaines élections de cette année. A côté des problèmes de disponibilité de fonds, s’ajoutent la question de « décharge » des anciens ordonnateurs/gestionnaires de fonds dans l’administration publique, sans compter la pléthore des partis, voire particules politiques qui tardent à se fusionner en plateforme pour éviter les difficultés de choix.

Cependant, la réalisation des élections à temps, et dans de bonnes conditions favoriserait un climat socio-politique serein dans un pays qui a connu des moments de fortes tensions politiques dès le début de l’administration en place.

Worlgenson NOEL

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