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Jean Claude Duvalier, le baby dictateur est décédé, comment va-t-on lui rendre hommage ?

L’ex président Jean-Claude Duvalier est décédé ce samedi 04 octobre 2014, suite à un arrêt cardiaque. La nouvelle est diffusée ce matin sur les ondes de certains médias de la capitale, ainsi que les réseaux sociaux. C’est arrivé chez lui.  La confirmation a été faite par le Ministre de la santé publique, Florence Guillaume Duperval, qui informe avoir été mise au courant de la détérioration de la santé de Baby Doc.  Mais pas jean-claude-duvalier-decede-comment va-t-on-lui rendre hommagegrand-chose ne pouvait être fait. C’est arrivé très vite.

Né en juillet 1951, il  est mort à l’âge de 63 ans, Jean Claude Duvalier vient de laisser des dossiers de justice qui lui reprochent sa mauvaise gestion de son administration des affaires de l’Etat. Il a aussi quitté derrière lui de nombreuses victimes de son régime qui soupirent depuis des années en  quête de justice. Pas mal de plaintes ont été portées par des victimes contre lui.

Jean Claude Duvalier est arrivé au pouvoir à l’âge de 19 ans, le 21 avril 1971, en remplacement de son père décédé, le docteur François Duvalier, dictateur aussi de son état. Surnommé « Baby Doc », Jean Claude a dirigé le pays jusqu’à sa chute le 06 février 1986, suites à de fortes mobilisations populaires contre lui. Il est parti en exil en Europe (France), où il a passé un quart de siècle (25 ans). Et il est revenu en Haïti, en janvier 2011.

Qu’on se le rappelle ! Pas mal des gens, notamment des jeunes avaient fait le déplacement pour aller accueillir l’ex-dictateur. Cette situation avait provoqué beaucoup de réactions auprès des observateurs qui pensent, pour la plupart d’entre eux, qu’il s’agissait d’ ‘une preuve d’ignorance de l’histoire du pays. C’était la preuve d’un déficit de mémoire sur le passé douloureux qu’a connu le pays dont il était accusé comme acteur.

« Qu’avez-vous fait de mon pays ? », telle a été cette fameuse question lancée au micro des journalistes en couverture de sa réapparition surprise. Il semblait s’adresser directement aux nouveaux dirigeants qui lui avaient succédé.

Mais nous nous interrogeons  à propos : comment lui rendre hommage ? Un président qui a bien dirigé son pays ? Un ex-dictateur qui a mal mené son pays, en laissant encore ses séquelles au sein de la société? Mérite-il des hommages de la nation ? A quel sentiment va-t-on chanter ses funérailles ? Comment les victimes vont-ils assister à son deuil ?


Haïti : 30 septembre 1991, ce coup d’Etat qui laisse encore des goûts amers…

haïti- 30-septembre-1991-ce-coup-d-etat-qui-laisse-encore-des-gouts-amers30 septembre 1991: sinistre date de l’histoire récente du pays…

Le 30 septembre 2014 a ramené au 23e anniversaire du coup d’Etat contre Jean Bertrand Aristide, orchestré par des membres des forces armées d’Haïti. La commémoration de cet événement a été marquée par une manifestation organisée par les partisans de l’ex-président, actuellement en difficulté, suite à des poursuites judiciaires lancées à son endroit.

Après la chute de régime des Duvalier en février 1987, beaucoup d’incidents, avec des conséquences les unes plus fâcheuses que d’autres, se sont produits. De l’installation problématique du conseil national de gouvernement (CNG), jusqu’au coup d’Etat contre le premier président élu démocratiquement, Jean Bertrand Aristide (JBA), les luttes pour le pouvoir n’ont pas manqué d’atrophier le développement du pays. Dans une courte période, pas moins de trois coups d’Etat  se sont réalisés. Le 20 juin 1988, Lesly Manigat a été renversé par un Henri Namphy. Ce dernier a été, à son tour, renversé par Prosper Avril, le 18 septembre de la même année. Démis de ses fonctions, Avril a été remplacé par Ertha Pascal Trouillot, en mars 1990. Cette dernière a été chargée des élections devant conduire Aristide au pouvoir en février 1991. Mais zut !  Le général Raoul Cedras s’est présenté sur la scène, JBA est chassé du pouvoir.

Selon des observateurs, le coup d’Etat du 30 septembre 1991 contre le président Aristide reste et demeure l’un des plus grands coups d’Etat orchestrés par des militaires des forces armées d’Haïti, dans toute l’histoire du pays. C’était un véritable coup de force qui désarçonnait les racines de l’espoir de tout un peuple. JBA était la figure emblématique de la nouvelle marche de cette société qui venait de subir les atrocités de la dictature. Les petits soldats du régime ont laissé des souvenirs indélébiles dans le mental des gens. L’homme qui symbolisait la rupture à ce sinistre passé n’était autre que lui, JBA.

Dès sa campagne électorale, l’on pressentait déjà un malheur à venir. En effet, il articulait sa campagne dans la lutte la lutte contre la corruption, les mauvaises pratiques, des fonctionnaires, la fraude,  l’exploitation de la masse populaire par une élite bourgeoise étrangère. Mais surtout, il promet de faire une réforme au sein des forces armées d’Haïti. (FAD’H).

Cela dit, entre le président et l’armée dont il était le commandant en chef, selon les règles, la discordance était déjà de mise. Le président avait un plan, celui de restructurer ce corps, à plusieurs niveaux, entre autres:  la modernisation de l’armée; sa décentralisation vers les zones frontalières; le désarment complet de l’armée et une épuration de l’armée des éléments corrompus ». Ce qui a suscité des attitudes et comportements de méfiance chez des éléments de cette force.

Ce 30 septembre 2014, des partisans de l’ex-président se le rappelaient. Ils ont pu, à leur juste manière, commémorer, le 23ème anniversaire du coup d’Etat orchestré contre leur chef. Cet événement laisse encore des goûts amers au sein de la société haïtienne, particulièrement au sein du parti Fanmi Lavalas. A cet effet, une manifestation a été organisée à Port-au-Prince, en  soutien à leur leader qui traverse actuellement une situation plutôt peu paisible.

Toujours pas de déclaration officielle de l’homme fort du parti de Fanmi Lavalas.  Difficile d’en avoir une dans ce contexte. Le ciel est encore bourré de nuages dans le monde du « Fanmi Lavalas ». Le leader (encore indispensable) n’a pas le cœur net. Pour cause, il a des comptes à rendre à la justice. Un mandat d’amener a été lancé. Bien que soit contesté et dénoncé par beaucoup, l’épée de Damoclès est toujours suspendue sur sa tête. Donc, pas raison d’avoir largement la tête à autre chose. Dorénavant, tous ses faits et gestes sont sur contrôle.

Faut-il rappeler que JBA a été deux fois élu comme président de la République, deux fois renversé du pouvoir. A peine élu en décembre 1990, il fut renversé en septembre 1991 par le coup d’Etat.  Il va gagner à nouveau les présidentielles de 2000, puis,  sera contraint de quitter son fauteuil présidentiel en 2004, après de fortes mobilisations populaires engagées à son encontre.

 


L’accord d’El Rancho : un épisode toujours sans son aboutissant réel

En Haïti, dès le début de l’année janvier 2014,  la question du dialogue inter-haïtien reste et demeure ce qui domine l’actualité. La nécessité du dialogue émane de l’interminable crise politique qui a ressurgi dès l’avènement de l’actuel président de la République, Michel J. Martelly. L’ex chanteur, plus connu sous le nom de « Sweet Micky », comme premier citoyen de la nation, semble représenter une insulte pour la traditionnelle classe politique de ce pays.

En effet, sous les regards de l’église catholique, en janvier 2014, dans un hôtel de la capitale, Port-au-Prince, les pouvoirs législatif et exécutif, des partis politiques et des membres de la société civile avaient engagé des pourparlers ayant abouti à un accord,  comme le veut le principe du dialogue.

Si la logique du dialogue implique nécessairement des échanges entre des interlocuteurs, nous pouvons supposer que son essence s’articulait autour des intérêts de la population. Mais, plus aucune illusion là-dessus ! En réalité, à en croire la tendance générale populaire, il n’en a jamais été question. A chacun ses propres intérêts à défendre ! Personne ne s’attendait quasiment plus à rien de concret ! La méfiance, quant aux aboutissants réels de ce dialogue, envahissait déjà de plus en plus l’opinion publique en Haïti. Pour ainsi dire, les acteurs partaient sous de mauvaises pentes.

Et pour bien comprendre le bien-fondé de cette argumentation, d’aucuns se penchent sur les différents types d’acteurs qui y prenaient part. A l’instar des représentants directs des pouvoirs exécutif et législatif, la plupart des représentants des partis politiques étaient soupçonnés d’être proches de l’exécutif. Donc, pas moyens de contrebalancer la force des échanges. L’exécutif en prenait alors l’avantage. L’absence des grandes figures de ce que l’on nomme « l’opposition démocratique », symbolisée notamment par le MOPOD (Mouvement Patriotique de l’Opposition Démocratique), a discrédité d’avantage l’objectif de ce dialogue. Ce doute légitime allait se réconforter et se justifier avec des nouvelles têtes, des acteurs  retrouvés à bord de la table gouvernementale, dans le dernier remaniement ministériel. Lequel faisait  partie des thématiques abordées, lors du dialogue, à coté, entres autres,  de l’organisation des élections pour les sénatoriales (renouvellement d’un tiers).

Pour sa part, le parlement, particulièrement le Sénat de la République, est divisé sur la question du dialogue. Si la chambre des députés était censé être déjà acquise à la solde de l’exécutif, le Sénat présente le cas de figure contraire. Le pari n’était toujours pas gagné! Six des sénateurs soupçonnent le président de la République d’avoir des projets macabres pour le pays, surtout de ne pas avoir la volonté d’organiser les élections à temps, pour pouvoir diriger par décret, une fois que le parlement aura été déclaré caduc.

Pour le moment, le principal barrage auquel se confronte l’administration est le fameux groupe des 6 sénateurs.Le gouvernement est alors face contre mur. L’étendard est dressé. Cette minorité au Sénat de la République que la presse nomme, « l’aile dure » de l’opposition au pouvoir se compose des gens, pour la plupart, de souches Lavalas, parti de l’ex président Jean Bertrand Aristide, actuellement dans le collimateur de la justice pour des choses qui lui ont été reprochées dans sa gestion de l’administration publique, ne fait pas de cadeaux à l’administration en place.

Tous les faits et gestes du gouvernement sont passés au crible de leurs manières de voir. Tous, gouvernement et opposition, croient et disent agir dans l’intérêt de la population haïtienne. Chacun, de son coté, a une conception non clarifiée de la population. Le gouvernement, croyant avoir les bonnes grâces de cette dernière, fustige le comportement de ce groupe des 6 accusés d’avoir mis  en otage la marche du pays, en refusant de voter la loi électorale devant donner libre court au conseil électoral déjà mis sur pied selon les ententes trouvées par les différents acteurs.  Le groupe des six (6) est qualifié d’élément de blocage, pour avoir réfuté l’accord du dialogue qui prévoit la manière de mettre sur pied le conseil,lui donnant certaines prérogatives, au cas où le parlement ne voterait pas les amendements à la loi électorale dans les mêmes termes au sein des deux chambres.

Méfiance de part et d’autre. L’atmosphère politique est polluée. Les acteurs peinent encore à forger la porte de sortie. Pourtant la solution est trimballe sous nos yeux. L’entente sur un projet collectif ! Pas besoin de l’internationale pour y parvenir! Nous en sommes capables, en dépit de nos réticences. Ignorance ? Cynisme ? Mais à qui profite cet état de fait ? Ce qui est certain, Haïti en perd gros.

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