worlgenson

La liberté de parole en Haïti, désormais une liberté fragile

Crédit photo: jamouli.com
Crédit photo: jamouli.com

Indéniablement, février 1986 a marqué la fin du régime dictatorial implanté en Haïti par les Duvalier Père et fils. Pendant l’ère du régime, la  notion de liberté de la parole a été  cloitrée. La peur s’installait dans toutes les fibres du corps social. Les « tontons macoutes » étaient censés avoir tout sous leur contrôle. La presse, malgré elle, fut muselée sous les regards fâcheux de ce régime. La notion d’« opinion publique » n’était pas de mise. La parole fut séquestrée.

La chute de Jean Claude Duvalier marque le début de l’ère dite démocratique en Haiti. Le temps  de la parole libre. Cette liberté enfin acquise a pris, au cours des ans, un essor considérable quasiment excessif, jusqu’à son inadéquation graduelle aux principes élémentaires intrinsèques à la démocratie. La tolérance des points de vue contraire, le respect de la vie privée des acteurs, précisément ce que l’on désigne comme « atteinte à la vie privée ». Mais, d’entrée de jeu, d’aucuns diraient qu’intégrer la vie politique implique automatiquement ou même inévitablement l’intrusion des regards sur sa vie privée. D’autres pourraient, à juste valeur, essayer d’en faire la démarcation. Moi, je pense que le fait de s’impliquer dans la vie politique ne donne droit à quiconque de salir gratuitement la réputation de l’autre. C’est pourquoi je suis d’accord d’avec la logique de sanction appliquée lorsqu’il s’agit de diffamer contre l’autre, pour détruire sa personnalité.

Dans tout Etat démocratique, l’on reconnait au citoyen le droit à l’information et celui à la liberté d’expression. Ces deux notions, tant dans leur portée politique que juridique, font toujours objets de grands débats contradictoires dans des sociétés. Les professionnels du droit, de la politique, ainsi que ceux de la presse, etc. pourraient  en dire davantage. Mais moi, je tourne mon regard d’observateur sur l’utilisation abusive du concept de « Liberté d’expression » dans mon pays. Et sans en faire trop d’extrapolation, je suis plutôt interpellé par le contexte actuel en Haïti.

En effet, à tort et à travers, j’entends souvent parler des gens.  Ils s’expriment, de leur droit de s’exprimer librement, sur des sujets divers relatifs au fonctionnement de la société. De fait, et sans conteste, les médias (presse parlée et écrite, les réseaux sociaux) en sont leurs canaux de (re)transmission. Mais, il est bien pertinent de se demander à quel prix l’expression libre de sa pensée peut-elle se limiter. L’espace public politique ouvert aux débats est censé donner, malheureusement, accès à tout le monde de déballer à la société leur niveau de compréhension et de mécompréhension de la pratique politique impliquant nécessairement la gestion de la cité, comme l’aurait dit Platon.  Cela dit, les acteurs supposés doués de raison intervenant dans la sphère publique doivent traiter de l’intérêt collectif, non des leurs.

Il est clair que, et c’est probablement le même constat dans d’autres société, sous l’égide de la notion de « liberté d’expression », reconnue comme un droit fondamental, des citoyens tendent à dénaturer et pétrifier le sens ce droit, dans des impertinences et des démesures émanant de la manière de l’exercer. Avoir la possibilité d’opiner sur ce qui se passe, sur une réalité quelconque, ne confère nullement le droit à personne de dire n’importe quoi, sur n’importe qui, n’importe comment, n’importe où et n’importe quand.

Autour de la scène politique

En Haïti, à longueur de journée, des acteurs politiques véhiculent des propos condescendants à l’endroit des uns et des autres. C’est écœurant de l’admettre, l’on assiste à des situations, des conjonctures où le discours politique des acteurs perd son essence orientée vers le progrès de la société, à la faveur d’une certaine forme de démagogie caractérisée par des vilipendassions réciproques. Tout le monde a son « petit agenda », ses « petits intérêts » à défendre, par tous les moyens. Même s’il faut dévaloriser et noyer le caractère de l’autre. La jungle politique !

Du gouvernement à des secteurs de l’opposition, les trivialités qui teintent leurs discours éclaboussent davantage l’image du pays. S’il ne s’agit pas d’un officiel du gouvernement qui utilise des propos indignes de sa fonction, à l’encontre de l’opposition, c’est à celle-ci de qualifier l’administration en place de toutes sortes de mots et de maux. Du même coup, il faut mentionner que, parfois, dès qu’une tentative d’impliquer  la justice est faite, certains acteurs crient à la persécution politique. Bien qu’il faut dire que l’appareil judiciaire est toujours soupçonné d’être l’instrument utilisé par le pouvoir pour impressionner les opposants.

Crédit photo: directinfo.webmanagercenter.com
Crédit photo: directinfo.webmanagercenter.com

Mais face aux allégations fleuves, les unes plus virulentes que d’autres (Corruption/ gaspillage/ etc.), d’aucuns pourraient se demander si l’on parle d’un pays gouverné par des gens dépourvus de sens de responsabilité, ou qui sont incompétents pour diriger l’administration publique.

De tout cela, le plus manifestement inconvenant, c’est le mutisme de l’ensemble de la société qui se complait à observer l’inaction des responsables d’Etat censés dépourvus de crédibilité eu égard aux pléthores d’accusations dont ils sont l’objet. Hormis certaines tentatives de « démentis », je n’ai la connaissance d’un procès déjà intenté contre les accusateurs identifiés et connus de tous. Ce qui renforce inévitablement la perception défavorable sur l’administration.

Les médias, l’homme politique et le simple citoyen

Il est indéniable que les médias représentent ce que beaucoup pourraient appeler « Miroirs à double face  » ou une « épée à double tranchant ». Cela étant, ils construisent des personnalités autant qu’ils les détruisent. Dans les émissions de libre tribune, les journalistes, les leaders d’opinion, exercent inévitablement un grand impact sur l’ensemble de l’auditoire, un public hétérogène. Autant qu’ils émettent leurs points de vue sur les sujets, autant qu’ils donnent accès aux gens qui écoutent les leurs. Et parfois, ils profitent, à tort, de glisser des propos qui portent atteintes à des personnalités de la sphère sociale et politique.

Trop souvent l’on oublie, parmi les droits fondamentaux d’un Etat démocratique, l’existence des droits à la réputation et à la vie privée de la personne. Cela dit, au-delà de leur vie politique, j’ignore l’existence d’une loi conférant le droit à un citoyen de détruire, rien que pour le plaisir de faire, l’image d’une personnalité publique. De fait, comme tout citoyen ou en tant qu’être humain, l’acteur politique a droit au respect de sa vie privée.  D’ailleurs, à mon avis, c’est l’une des choses qui amène à une certaine réticence de la part de beaucoup de gens à s’impliquer dans la sphère politique.

Aujourd’hui, il est important de considérer le niveau du débat dans l’espace politique. En ce sens, l’exigence doit être faite aux acteurs en vue de la rationalisation et la justesse dans leur prise de parole. Et pour leur part, les médias, tout en restant vigilants, doivent veiller à ce qu’ils ne servent pas, à tort, de caisse de résonnance pour des opinions qui intoxiquent et désarticulent la bonne marche de la société.

 

Worlgenson NOEL

gensonoel@gmail.com

Etudiant de l’Université d’Etat d’Haïti

 


Haiti: Petit cri d’alarme!

Crédit photo: www.radiotelevisioncaraibes.com
Crédit photo: www.radiotelevisioncaraibes.com

Le peuple haïtien, dans sa formation sociale, ses pratiques de vie, laisse entrevoir des éléments caractéristiques qui sont symptomatiques d’une situation de crise globale sociétale. De plus en plus, la société s’achemine vers la décrépitude de ses valeurs d’antan. Des crises politiques qu’à des catastrophes naturelles, le pays en  fait les frais à tous les coups. La situation socio-économique est précaire. Les citoyens, préoccupés par l’assurance de la gestion de leur quotidien, accordent de moins en moins d’importance aux responsabilités qui leur incombent dans la manière de contribuer au progrès du pays. Nombreux sont ceux-là qui s’apitoient sur leur sort, au lieu de s’engager eux-mêmes. Et, le pays continue de s’accoster à la dérive. N’empêche qu’ au fonds,  ils continuent d’espérer.

Un peuple qui connait mal ses droits et ses devoirs qu’implique la notion de démocratie dans son essence, ne pourrait faire mieux que de se laisser diriger par des acteurs politiques populistes avérés cyniques et cupides, ou des amateuristes arrogants qui trépignent sur sa dignité. Certains diraient que « le peuple a les dirigeants qu’il mérite ». D’autres auraient déclaré qu’il s’agit d’un manque d’éducation. Et, l’ignorance est son prix. C’est pourquoi, au delà du fait que cela bouge mal, il continue de s’adonner à la culture de la résignation. Peu importe son état de pauvreté, le peuple n’exige que le strict minimum de ses dirigeants. La garantie de son quotidien. Malheureusement, nous en sommes toujours à ce stade.

Pendant que d’autres peuples s’organisent pour aller de l’avant, nous-autres, nous ne cessons pas de nous perdurer dans de vaines querelles, mésententes, luttes pour le pouvoir. Beaucoup trop de choses restent à faire, après plus de 210 ans d’Indépendance. Le peuple n’a pas cessé de danser sur son passé glorieux, de  s’y décerner un sentiment de fierté et de prestige, tout en pataugeant dans la misère. Injuste !

Aujourd’hui encore, nombreux sont les haïtiens qui nourrissent l’espoir de quitter le pays un jour, parce qu’ils pensent trouver mieux ailleurs. Les conditions de vie sont pitoyables. Le chômage gagne du terrain. Et, bien qu’ils soient de plus en plus déçus et frustrés, les gens se battent eux-mêmes pour sortir du trou. Le rituel ! Le sauve-qui-peut ! « Tant qu’il y a la vie, il y a de l’espoir » dirait-on !

En outre, l’accès à une éducation de qualité se fait encore désirer. Le taux d’analphabétisme demeure encore dans une dimension déplorable en ce plein 21ème siècle. Pourtant, c’est aussi et surtout l’histoire d’un peuple qui sait envoyer ses fils contribuer à la formation des citoyens d’autres pays, notamment des continents Américain et Africain, dans les années antérieures. La fuite des cerveaux haïtiens, occasionnée par le régime tortionnaire des Duvalier, a beaucoup coûté au pays. Si bien qu’à l’heure actuelle, la majorité des cadres, intellectuels haïtiens restent à l’extérieur, alors que le pays a besoin de ces compétences pour progresser. Inimaginable !

Mais à l’interne, Haïti regorge de potentialités dans tous ses recoins.De son mélange culturel hérité principalement des premiers habitants de l’Ile (Tainos, Arawak, Ciboneys), des noirs d’Afrique et de la colonisation  Européenne, l’haïtien est bourré de talents, d’imagination, mais souvent peu encadré. De la musique, la danse, la peinture, la cuisine au vodou constituant le folklore haïtien ; des mots, des proverbes enrichissant le créole comme langue maternelle du peuple, en passant par la langue française léguée par la colonisation, jusqu’à sa littérature, la diversité culturelle haïtienne fait répandre positivement son  image.

crédit photo: www.haiti.autrement.com
crédit photo:
www.haiti.autrement.com

En dépit de tous ces traits culturels exprimant la fierté d’Haïti, à l’autre bout de sa sphère sociale, les conditions de vie de la population,  n’ont pas vraiment changé. La situation est mal-en-point! Beaucoup d’efforts sont à faire. Il suffit de savoir comment s’y prendre, et remettre le pendule à l’heure. Le peuple a encore besoin de ses leaders, les authentiques, pour redonner le ton. Il faut une réorientation des choses dans le sens de ses véritables besoins. C’en est trop ! IL faut un nouveau leadership, des hommes et des femmes consciencieux et responsables. Ceux que nous avons connus, depuis la chute de la dictature des Duvalier, ont raté les opportunités qui leur ont été présentées pour amener le pays à bon port. Des élections se sont organisées. Beaucoup de candidats se sont présentés toujours avec de promesses fleuves. Des gouvernements se succèdent. La mesquinerie a primé. Les luttes pour le pouvoir, les chamailleries de toutes sortes ont triomphé. Et le peuple, dans sa naïveté et sa fragilité, en reste et demeure la principale victime. Le pays continue de traîner et tarder encore sur la voie du développement. L’attente d’un projet réel.

Le réveil s’est fait entendre. Plus que jamais, il est impératif que nous nous entendions sur les intérêts généraux de la nation. Sinon, nous risquerons de perdre pendant plus de temps encore la souveraineté nationale acquise depuis 1804, comme première République noire indépendante. D’ailleurs, la présence des forces onusiennes, au perpétuel renouvellement de mandat chaque année, dans le pays en est déjà la preuve. Les ingérences des éléments de l’internationale dans les affaires internes du pays, tant dans la politique que dans les autres domaines, témoignent de notre incapacité à nous diriger, comme nation libre.

La seule chose que semble garder encore ce peuple, c’est l’« espoir ». L’espoir qu’un vent nouveau va souffler,  que les choses vont changer. C’est pourquoi, nous lançons ce petit cri d’alarme ! Il faut un nouvel« ouf » ! Il faut sortir de ce piteux état auquel nous nous sommes attachés, depuis des lustres. C’est possible ! Il suffit de le vouloir, et de s’y engager convenablement.

L’alarme a véritablement sonné. L’espoir se fait trop attendre. La solution, c’est nous, Haïtiens et Haïtiennes. C’est l’unité nationale, au-delà des divergences de vue.

 Aimons Haiti! Aimons notre patrie!

Worlgenson NOEL

gensonoel@gmail.com

 

 

 

 

 

 

 


Quand le président Martelly s’est fait le mauvais messager

Crédit /photo: www.radiotelevisioncaraibes.com

Depuis des jours, ce qui fait écho en Haïti, c’est la fameuse interview accordée par le président Martelly sur TV5 monde. Tant dans la presse parlée et écrite que sur les réseaux sociaux, les avis divergent. Si pour certains, le président ne faisait que ternir l’image du pays à l’extérieur, pour d’autres, il s’est donné beaucoup pour sortir de cette atmosphère encombrante engendrée par ces journalistes qui ne faisaient point de cadeaux au premier mandataire de la Nation haïtienne.

J’ai beaucoup lu et entendu, à tort ou à raison, des commentaires des plus avisés jusqu’au simple citoyen de la rue sur la question. Mais il m’a fallu un peu de recul, pour comprendre la dimension de ces réactions. Suivant que les gens soient pour ou contre le gouvernement en place, leurs opinions prennent de différentes allures.

Appréciation générale

Le président de la République effectuait une tournée en Europe. Il a eu notamment à rendre hommage au Précurseur de l’Indépendance, Toussaint Louverture, à Fort de Joux, en France, où ce dernier fut emprisonné et décédé.

En effet, sur un plateau de trois journalistes vedettes dont Sophie Malibeaux, de Radio France Internationale, Philippe Dessain pour TV5 monde et Paulo Paranagua pour le quotidien Le Monde, l’interview annonçait beaucoup, pour un public de plus de 55 millions de téléspectateurs.

Il est important de remarquer que l’interview se réalisait à bâtons rompus. Cela dit, elle ne suivait pas une ligne méthodologique précise suivant laquelle les questions devraient être posées. D’ailleurs, à mon avis, c’est l’une des raisons pour laquelle le président Martelly a hésité face à des questions pour lesquelles il n’avait pas de réponses  à la hauteur des attentes . Je dois, en revanche, avouer que les journalistes, de mes yeux d’observateur, exprimaient une forme d’impertinence dans leur manière d’aborder le président. Je dirais même qu’à des moments précis, l’on pouvait croire qu’ils s’adressaient à un simple citoyen.

A plusieurs reprises, c’était évident, le président interrompu, ne pouvait  pas achever ses réponses. Les journalistes semblaient interpréter et tenter d’insinuer les dires du président. Une stratégie d’interview ? Bien qu’apparemment coincé, Michel Martelly a montré qu’il pouvait garder son calme. Ce qui pourrait ne pas être le cas s’il se faisait interviewer  par des journalistes nationaux. D’ailleurs, plus d’une fois, il tient à rappeler aux journalistes haïtiens qu’ils s’adressent au « Président de la République ». C’est l’homme. On le connaît.

Dans mes propos, je vous épargne des autres détails de l’interview. Mais je relate quelques déclarations tenues par le président qui n’ont pas fait honneur au peuple haïtien. Dans sa posture de Président de la République, Michel Martelly, en direct à la télévision, a rendu inconfortables beaucoup de citoyens.  La perception de l’être haïtien comme un mal être, à certains égards, à tort, risque de s’accroitre. Il n’a pas su faire preuve de prudence et d’intelligence dans ses propos à ce niveau. Sachant ce que vaut la force de la parole, je crois que le président aurait fait mieux d’épargner à la face du monde certains détails INUTILES.

crédit/photo: lenouvelliste.com
crédit/photo: lenouvelliste.com

L’interview/récapitulation et opinions

Tout au début, le président avait l’air à l’aise, comme s’il venait discuter avec des copains. D’ailleurs, cette trompeuse croyance lui a couté un accroc protocolaire, en commençant par « tutoyer » le journaliste qui lui a lancé la première  question relative aux situations « post séisme » du 12 janvier 2010 ayant nécessité de l’aide internationale.

A ce propos, Michel Martelly déclare avoir besoin de plus de « solidarité », d’idées, de projets, de capacité, au lieu d’argent pour reconstruire le pays. Selon lui, la mauvaise gestion de l’argent décaissé découle de la situation de mauvaise gouvernance en Haïti. C’est ce qui justifie qu’il veut proposer et faire développer une forme de partenariat avec d’autres structures.

–          Sur la question de l’aide proposée par l’internationale, le président pense que les haïtiens doivent sortir de cette dépendance. Ainsi prône-t-il  un changement de mentalité, une reconstruction de l’homme haïtien avant de parler de reconstruction du pays.

–          Face à la question de l’intrusion d’un ambassadeur sur la tenue des élections en Haïti, le président n’a pas su marquer le bon point. La réponse n’était pas à la hauteur d’un pays qui est appelé même de se gouverner. Si même pour réaliser des élections, les acteurs nationaux ont besoin de l’implication de l’internationale, c’est la preuve que nous prêtons le flanc à ceux qui doutaient encore que le pays était mis sous tutelle. La souveraineté de tout un peuple est refoulée. La démocratie est loin d’être à son piédestal. Nous avons un déficit de bonne gouvernance. La stabilité du pays dépend absolument des acteurs qui y vivent. Il leur revient le devoir de s’entendre pour garantir une vie stable pour leurs concitoyens, ainsi que ceux-là qui sont de passage dans le pays.

–          Quant aux manifestations de rue, le président semble minimiser le poids de ces gens qui expriment leurs désaccords avec son administration. Mais ce qui me retient l’attention, c’est le fait qu’il dit ignorer qu’il y ait eu des individus protestataires arrêtés par les forces de police, alors que cela faisait la une dans les journaux. En tant que président,  il se devrait de s’informer sur de tels événements susceptibles d’affecter l’image de son administration. Cela étant, avouer l’ignorer, c’est montrer qu’il perd le contrôle de ce qui se passe sous ses yeux.

–          En ce qui concerne la reconstruction du Palais National détruit pas le séisme de 2010, c’était loin d’être la priorité du président, bien qu’il reconnaisse son sens symbolique. L’urgence c’est « cette population » qui ne comprend même pas ce que c’est qu’ « une mise en quarantaine ». Rien que par cette phrase, le président expose déjà le niveau d’ignorance de tout un peuple dont il est le président. Si bien qu’il enchaine, sur le plateau de « INTERNATIONALES » avec ceci : « En Haïti, celui ou celle qui est malade, parfois, pense qu’il est mangé par le diable ». D’où la nécessité de l’éducation, en inculquant le sens de responsabilité et du civisme chez l’haïtien.

–          Alors qu’il se vante de son travail d’accès à l’éducation, il soutient du même coup que «…la qualité de l’éducation en Haïti est terrible ». D’où sa démarche au près du président Français, François Hollande, consistant a faire envoyer des professeurs, des enseignants retraités pour œuvrer dans ce secteur en Haïti.

–          Sur la condition des femmes qui vivaient sous les tentes, principalement sur les violences faites contre elles, et sur les cas d’avortement, Monsieur Martelly a encore glissé une déclaration de trop.  Au delà du fait qu’il existe une loi qui interdit l’avortement, c’est une question de choix, pour lui. Il est pour la vie, même si la personne violée qui veut avorter peut choisir de le faire. Mais ce n’était pas nécessaire de relater que : « Certains parents acceptent que leur fille de 16 ans couchent  avec un soldat onusien pour de l’argent ».

Pour moi, ces déclarations étaient de trop. Elles n’avaient pas leur place. D’ailleurs, cela ne faisait nullement parti des interrogations des journalistes.  Donc, de plein gré, Michel Martelly apporte le message qu’il ne fallait pas à la surface de la planète, en mettant à nu les dessous d’une certaine tendance populaire due à un problème de formation, imputant à ses responsabilités.

En ce sens, Je pense que par cela, le président Martelly  se faisait mauvais porteur d’un message dont il n’a pas eu la charge, surtout dans son costume de Président de la République. Ces images ne font que renforcer davantage la mauvaise presse dont le pays faisait l’objet bien avant.  D’ailleurs, dès le début de son mandat, le chef de l’Etat avaient dénoncé et indexé des membres de la presse (précisément) qui auraient envoyé des signaux négatifs dans l’internationale, en tenant des discours malencontreux à l’égard du pays.

Il n’est nullement question, suivant mon approche de chercher à cacher, ce qui est déjà impossible, l’état de la situation en Haïti. Le monde est un village. Tous les regards s’entrecroisent sur ce qui se passe de part et d’autre. N’empêche qu’il existe, dans les recoins de chaque société des éléments qui ne sont pas supposés d’être exposés à tort et à travers. Cela dit, le président aurait dû faire économie de certaines choses, en se focalisant sur des éléments susceptibles de vendre au mieux l’image d’une nation qui, bien que souffrante, attendait mieux de son Président.

Worlgenson NOEL

gensonoel@gmail.com


Haïti/Santé : Et si Ebola frapperait à nos portes?

Credit-photo: consulfrance-lecap.org
Crédit-photo: consulfrance-lecap.org

Indéniablement, l’une des plus grandes inquiétudes qui planent dans l’esprit des millions de gens sur la planète, c’est Ebola. Ce virus dévastateur ou mangeur d’hommes et de femmes sème la terreur sur son passage. De l’Afrique Centrale, en passant par l’Afrique de l’ouest jusqu’à pouvoir atteindre l’Amérique (avec cas repéré aux USA), Ebola n’a pas cessé de faire monter la barre des victimes. Panique totale. L’OMS a déjà recensé plus de 9216 cas, et plus de 4500 individus partis pour l’au-delà, en une courte période.

Plusieurs pays du monde se sont mobilisés en essayant de prendre des mesures jugées valoir le coût. Si les pays riches ne sont pas trop à l’abri, les pays pauvres ne le sont encore moins. C’est le cas de notre pays, Haïti. C’est un fait. Haïti n’est pas à la hauteur de ce qui adviendrait si l’Ebola déciderait de venir frapper à ses portes. Le pays ne serait pas à même de répliquer convenablement. Pour cause, la défaillance du système sanitaire.

Lors d’une conférence organisée à la Faculté des Sciences Humaines (Université d’Etat d’Haïti) ce vendredi 31 octobre 2014,  le docteur  Félix Junot a souligné qu’« il y a raison de s’alarmer, compte tenu de la situation en Haïti ». Le personnel de santé n’est pas en mesure d’intervenir de manière appropriée. Problème d’infrastructure. Le pays ne s’y était pas préparé. Ce n’était pas prévisible.

Toutefois, il faut reconnaitre que le gouvernement, préoccupé par la question, a mis sur pied ce que la ministre de la santé et de la population, Madame Florence DUPERVAL GUILLAUME, aurait appelé « un plan riposte » à trois phases. (https://lenouvelliste.com/lenouvelliste/article/137010/Ebola-Le-gouvernement-haitien-a-deja-son-plan-de-riposte.html )

Cela concerne, d’abord, l’institution d’un comité dont l’ensemble est formé des ministres du gouvernement haïtien, des responsables de la Police nationale d’Haïti (PNH) et des partenaires internationaux pour contrôler le développement de l’épidémie. Ensuite, une demande a été faite aux agents des ONG et de la MINUSTAH (Mission des Nations Unies pour la Stabilisation en Haïti)  de suspendre toute rotation de leurs membres dans des pays où des cas avérés de fièvre hémorragique à virus Ébola. Et des mesures allaient être prisespour assister les personnels des aéroports à l’aide de formations spécifiques sur les précautions à prendre face à des personnes susceptibles d’être contaminées par ce virus. Enfin, des dispositifs seraient pris en vue d’informer la population au travers des « écrans géants » qui seront placés à l’aéroport avec des spots publicitaires sur le virus.

Par cela, le gouvernement veut montrer sa bonne volonté, dans la manière de gérer la situation. Mais c’est un secret de polichinelle, les ressources manquent en Haïti. N’empêche que ces mes mesures peuvent péremptoirement atténuer l’atmosphère de panique dans la population.

A ce propos, la seule manière d’anticiper son apparition c’est de prendre des mesures qui conviennent. D’où le sens des propositions du docteur Felix, professeur d’université, impliquant nécessairement la participation de la collectivité. Il faut, non seulement penser à la formation des agents sanitaires, devant être placé dans les ports, aéroports, notamment, mais aussi dans les autres espaces sanitaires des différentes régions du pays. Les responsables doivent, d’une part, penser à mobiliser et sensibiliser le personnel de la santé sur le virus, lui-même, particulièrement, d’autre part, à éduquer tout l’ensemble de la population. Une sensibilisation massive. Et, pour finir, les autorités doivent déterminer un fonds spécial d’urgence, comme le recommande le docteur Felix, émanant strictement d’haïtiens d’ici et d’ailleurs.

Worlgenson NOEL

gensonoel@gmail.com


Dites-moi quelle langue vous parlez en Haïti, je vous dirai qui vous êtes !

journee internationale du creole
Crédit photo: Cybercartes.com

Ce 28 octobre 2014 a marqué la journée internationale de la langue et la culture créole. C’était l’occasion pour plusieurs pays créolophones de mettre en valeur leurs cultures et surtout de promouvoir la richesse du créole comme outil d’expression. Mais en Haïti, c’est aussi et surtout l’occasion de poser la problématique qui découle de la question de la langue. En effet, à l’instar des problèmes de couleur, la langue peut être considérée comme un des facteurs qui handicapent le progrès du pays. Les discriminations et les préjugés qui y sont de mise continuent d’écarteler et de fragiliser les différents tissus sociaux.

Jusqu’à présent, en Haïti, la question de la langue reste et demeure dichotomique. Depuis 1987, la Constitution du pays a consacré le créole et le français comme langues officielles. Cela dit, l’Haïtien est à même de pouvoir s’exprimer librement dans n’importe laquelle des deux. Pourtant, dans le tréfonds de la société, il existe une lutte constante entre les deux langues, quant à leur positionnement. En ce sens, la langue cesse d’être un outil d’expression, ou de communication, mais devient un espace qui permet de se situer dans la société. Aussi paradoxale que cela puisse paraître, suivant que l’on parle le français ou le créole, la société dégage une conception de sa personne. Si d’une part, parler le français réfère à une certaine possession de savoir, c’est la langue savante ; d’autre part, s’exprimer en créole indique, quasi nécessairement, un certain niveau d’analphabétisme. C’est la langue des sots.

Bien qu’il soit parlé et utilisé par la majorité de la population,  le créole est souvent l’objet de toutes sortes de préjugés et de discriminations dans des espaces publics ou privés. Suivant que l’on utilise le français ou le créole dans ces espaces, l’on aura droit à une certaine qualité de service.

Cette réalité place la société sur une pente fragilisant davantage ses différentes couches. Les espaces de socialisation, depuis la base, mettent le cap sur l’apprentissage en français. Tant à la maison qu’à l’école, l’on apprend aux plus jeunes à s’exprimer dans cette langue, au détriment de l’autre. Nos leçons et nos devoirs sont rédigés en français.  Nous pouvons nous souvenir encore, à une certaine époque de notre enfance, nos enseignants nous demandaient de nous exprimer (en nous faisant injonction) rien qu’en français dans les classes ou  la cour de récréation. Sinon, nous risquions d’en subir une peine. Et la fameuse expression « exprime-toi », chaque fois que l’on parlait en créole à un camarade ou un proche nous reste encore à l’esprit. Comme si l’on ne pouvait que s’exprimer en français. Drôle !  Mais, c’est le système.

Jusqu’à date, la grande partie des ouvrages utilisés dans l’enseignement classique ou supérieur sont écrits en français,  peu importe le niveau d’adaptation des apprenants. Aucune valorisation du créole. Ce dernier, c’est pour les gens de la rue qui ne connaissent pas le chemin de l’école.

En revanche, il faut quand même souligner que, depuis un certain temps, plusieurs acteurs ont réalisé des efforts considérables sur la valorisation de la langue. Tant dans la littérature contemporaine qu’au niveau des médias, nombreuses sont des réalisations qui sont faites en créole, aussi faut-il faire remarquer qu’il existe des travaux scientifiques à l’université effectués dans la langue.

Par ailleurs, depuis des jours, l’on évoque la mise sur pied d’une académie créole. Cette dernière qui tachera de donner un niveau standard à l’utilisation de la langue dans la société, le cas échéant, dans le monde créolophone. L’installation des académiciens était prévue pour la journée de 28 octobre, selon ce qu’avait confirmé à Alter presse, Fritz Deshommes, vice- recteur de l’université d’Etat d’Haïti (www.alterpresse.org/spip.php?atricle16705#.vff4U0Zxzfo). Mais elle a été avortée et certainement renvoyée. Aucune déclaration officielle n’a été faite sur la question.

Toutefois, pour certains, instaurer une académie créole ne permettra pas de résoudre les difficultés que rencontre cette langue. Son utilisation, son adaptation dépendent exclusivement des différentes entités sociales dont l’ancrage se trouve dans la langue. D’autres pensent, au contraire, que l’académie peut donner au créole un niveau standard, en fixant les règles s’alignant à son utilisation.

Worlgenson NOEL

gensonoel@gmail.com


Soirée d’excellence en l’honneur des 10 lauréats nationaux en bac II, le GEP donne le ton

Crédit photo: Skarson Bapiste
Crédit photo: Skarson Bapiste

En Haïti, savoir encourager l’excellence reste un défi. Toutes les régions du pays sont regorgées de jeunes talentueux. Ils excellent dans divers domaines. Mais faute d’encadrement et d’encouragement, ils restent dans leurs coquilles, à l’insu de tout le monde. Les efforts qu’ils consentent, la plupart du temps, sont tués dans l’œuf. Ils n’ont pas moyens de s’ouvrir sur le reste du monde. Cette culture nous manque en Haïti. L’Etat et le secteur privé s’impliquent rarement.

La toute nouvelle organisation créée en juillet 2014, le Groupe Excellence Plus a décidé de faire autrement. Il  donne le ton. Le GEP, dirigé par le journaliste, l’entrepreneur Valéry NUMA, en accord à d’autres personnalités de la place, vise la promotion et la récompense des valeurs et des efforts. Une initiative que j’encourage vivement. En tenant compte de la réalité du pays, les difficultés socio-économiques auxquelles il confronte, je pense qu’il faut féliciter, au-delà de tout, l’idée de l’initiative. Réussir exige beaucoup en Haïti.

Pour sa première lancée, le GEP a jugé bon de présenter à la société des lauréats nationaux, ayant participé aux examens d’Etat de cette année. Ainsi a-t-il organisé une soirée en leur honneur, ce jeudi 23 octobre, à l’hôtel Royal Oasis.

En tant que jeune,  j’ai eu le plaisir d’assister et de participer à la soirée dénommée « soirée d’excellence » organisée par le Groupe d’Excellence Plus (GEP) en l’honneur des 10 lauréats nationaux en bac II de l’année académique 2013-214. Chacun d’eux a reçu des primes, des cadeaux, une médaille d’excellence.

Dans l’assistance, des acteurs politiques et de la société civile se faisaient remarquer. Sous l’invitation du GEP, ils étaient venus supporter l’initiative , une grande première en Haïti. Je me permets de citer : le président de l’assemblée nationale, le sénateur Dieuseul Simon Desras, le leader du parti politique KID, Evans Paul, l’ex-ministre de la condition féminine, Marie Laurence J. Lassègue, un juge  de la cours supérieure des comptes et des contentieux administratifs, Arold Elie, le responsable de Pincon S.A., Gaël Pincon, etc. Tous, à leur manière, ont contribué à la beauté de cette activité, en encourageant ces jeunes à aller de l’avant.

D’entrée de jeu et curieusement, je n’avais pas remarqué, et personne ne l’avait non plus signalé, la présence du ministre de l’éducation nationale, Nesmy Manigat, ou de n’importe quel autre  cadre du ministère. Tenant compte de toute la propagande faite autour du travail effectué par le gouvernement dans le secteur de l’éducation, une initiative du genre  pourrait  être soutenue à fond par le ministère. Je ne connais pas  l’explication y relative.  Je ne fais que noter.

A mon avis, cette « soirée d’excellence » représente une certaine motivation pour d’autres jeunes qui brillent dans l’ombre, et n’ont pas eu la chance monter le pivot, faute d’encadrement ou d’accompagnement. Je crois que la société doit supporter ces genres d’initiative, pour avoir en réserve de la République plus de ressources humaines qui peuvent servir au progrès du pays.

Membres du GEP
Crédit photo: Skarson Baptiste

 

 

 

Worlgenson NOEL

gensonoel@gmail.com


Haiti -17 octobre : entre manifestation de l’opposition et festivités du gouvernement

A Port-au-Prince, chacun à sa manière, l’opposition ou le gouvernement, a commémoré l’assassinat du fondateur de la nation. Si d’un coté, à la piste de l’aviation, le gouvernement  fait la fête, de la propagande,  d’un autre coté, l’opposition fait les frais des agissements de la PNH, pendant  sa manifestation dans les rues de la capitale.

haiti -17-octobre -entre-manifestation-de opposition-et -festivités -du-gouvernement
Jean Daniel SENAT

Deux activités totalement parallèles dans la capitale. Dans le camp du gouvernement, le plaisir, la bamboche, la propagande sont les éléments qui ont caractérisé la manière de commémorer le 208ème anniversaire de l’assassinat de Jean-Jacques Dessalines. Des groupes musicaux sont invités à animer la foule. Alors que, la manifestation des partis politiques de l’opposition a été dispersée par la police nationale d’Haïti. Cela dit, frustrations, mécontentement et colère les embrasaient.

Ce 17 octobre, comme prévu, le mouvement patriotique de l’opposition démocratique (MOPOD), a organisé une manifestation anti-gouvernementale à Port-au-Prince. Des manifestants mécontents, frustrés, en colère, réclament le départ du président de la République. Si leur objectif était d’arriver jusqu’à Pétion-ville, la PNH, sous ses gardes, et bien qu’elle ait été mise au courant du parcours de la manif, a mis de l’eau au moulin de ceux-ci. Elle a utilisé la force. Des lancements de gaz lacrymogènes, de tirs d’armes à feu. Il fallait tout faire pour casser le feu du mouvement.

La situation était très tendue. Les manifestants se dispersaient. Beaucoup de victimes. Le bilan est néfaste. Même des journalistes, identifiés comme tels, n’étaient pas épargnés. Dans l’exercice de leur métier, ils ont été (volontairement) ciblés par les policiers. Ils étaient dans une voiture, « Pick up », identifiée comme appartenant à la presse, quand les policiers leur ont injecté de l’eau acidulée(Dlo grate). Plusieurs ont été vite amenés à l’hôpital, selon un journaliste qui intervenait sur une station de radio de la capitale. Une attaque de plus à l’endroit de la presse en Haïti.

Le parcours de la manif était clairement défini et notifié, selon les organisateurs. Mais les autorités policières ont décidé autrement. Pour sa part, l’opposant farouche du pouvoir, le Sénateur Moise Jean Charles a été victime de gaz lacrymogène. Il aurait été évanoui. Il dénonce le comportement brutal de la police nationale d’Haïti (PHN). Moise Jean Charles, qui n’a pas cessé de dénoncer les dérives du régime, appelle à la mobilisation  populaire continue contre l’administration en place et contre la MINUSTAH. Malgré sa détermination pour conduire les manifestants à destination (Pétion Ville), mais contre sa volonté, la réalité ne s’y prêtait pas. Peine perdue, dit-on !

Du même coup, les manifestants exigent  le départ de la mission des nations unies pour la stabilisation en Haïti accusée d’avoir infligé des malheurs dans le pays, notamment pour avoir introduit le « Choléra » dans le pays ayant déjà occasionné beaucoup de pertes en vie humaine. Les soldats de la  MINUSTAH ont foulé le sol national depuis 2004, sous le gouvernement provisoire de Gérard Latortue. Et depuis, chaque année consécutive, son mandat, pour une durée d’un an, n’a cessé d’être renouvelé. Encore bien une preuve de la faiblesse de nos acteurs politiques à s’entendre pour tenir les rennes du pays.

En guise de rappel, depuis la veille, le 16 octobre, le ministre de la justice et de la sécurité publique, Jean Renel Sanon, avait déjà donné un avertissement aux manifestants en cas d’éventuels comportements qui risquent de troubler à l’ordre public. Dans son message divulgué dans la presse, le ministre a laissé comprendre que des mesures seront prises contre les fauteurs de trouble. Et la police avait reçu l’ordre de prendre toutes les dispositions afin d’établir l’ordre et la paix.

Si le jour de la célébration de l’assassinat de l’empereur n’a pas servi d’opportunité à un « chita pale », une entente sur les intérêts de la nation, il y a lieu de nous questionner sur nos véritables motivations quand à l’avenir de notre pays. Même pas une trêve autour de la mort de l’Empereur!

Worlgenson NOEL

gensonoel@gmail.com


Haïti –Duvalier : Son âme, reposera-t-elle en paix après sa mort ?

haïti-duvalier-son-âme-reposera-t-elle-en-paix-après sa-mort « Que son âme repose en paix ! » ou « Paix à son âme ! » Voila l’expression populaire, un rituel dont se servent les gens pour rendre un dernier hommage à leurs proches, amis, parents, etc.

C’en est devenu une routine. L’expression est utilisée, à tort et à travers, pour toutes catégories de personnes. Petits ou grands, riches ou pauvres, noirs ou blancs, quoi que vous soyez, vous semblez avoir droit à une « Paix à son âme ! ». Mais, il nous importe d’aller au-delà de son usage vulgaire, pour déceler l’effet que cela incombe si l’utilisation a été faite avec noblesse et méritocratie.

En ce sens, nous pouvons nous demander si le fait de pouvoir formuler le même souhait à n’importe qui ne dénature pas le sens pur de cette expression. Hormis toutes les considérations bibliques sur la question. Simple logique. Comment est-ce que l’âme d’une personne témoin et acteur des crimes commis sur des milliers d’individus comme lui, peut-elle se reposer en paix ? La même question peut être de mise pour l’ancien dictateur Duvalier décédé à suite d’un arrêt cardiaque.

La nouvelle de son décès est survenue brusquement le samedi 04 octobre, dans la matinée. Et depuis, le tollé suscité autour de la manière de lui faire les derniers adieux n’avait cessé de s’amplifier. (A lire : https://worlgenson.mondoblog.org/2014/10/08/haiti-duvalier-les-funerailles-defraient-chronique/). Les pressions ont été fortes. Le gouvernement a joué à la prudence. Finalement, la décision est tombée : « Pas de funérailles nationales ou officielles pour Duvalier ». Que sa famille, ses amis et ses proches puissent s’organiser à ce propos.

Ce samedi 11 octobre 2014, à l’institution Saint Louis de Gonzague, ont été remarqués des membres de sa famille, des amis, des sympathisants. Seulement deux anciens présidents ont été aperçus : l’ancien général Prosper Avril et l’ex président provisoire Boniface Alexandre. Ses funérailles n’ont pas fait écho au sein de la société. On n’en parle peu. L’exécutif n’a pas été officiellement représenté. Michel Martelly et Laurent Lamothe ont brillé par leur absence. Baby doc, le prince dictateur –passionné de moto, d’alcool et de bolides et des belles plages – serait nostalgique de se voir traiter de cette manière. Si seulement il pouvait assister à cela, il devrait se sentir humilié, dédaigné et réduit.

Et s’il vivrait une autre vie après la mort…. !

(Que c’est drôle, par-dessus tout !)  

Si pour certains, après la mort, c’est le néant, pour d’autres il n’en est nullement question. Il existe une autre vie après la mort. Laquelle ? Nous l’ignorons forcément ! Mais supposons que c’est bien le cas, Duvalier la connaitra probablement. Aussi, disons drôlement, que lui et  les autres victimes disparues sur son régime se croiseront les regards. Des questions lui seront posées. Des réponses leur seront données. De toute manière, il rendra compte. Donc, jusque là, son âme risque de vivre dans le tourment continu.

L’ex dictateur, qui était déjà dans le collimateur de la justice, est passé de la vie au trépas. Les conditions de sa mort n’ont pas vraiment tenues les gens à cœur. C’est censé être passé comme une lettre à la poste. Au-delà de toute attente, sans rendre compte à personne, il n’a pas étanché la soif des gens. D’ailleurs, Magalie Comeau Denis rappelle qu’il s’agit d’un « homme qui n’a rien appris-ou a bien appris-de ses vingt-cinq ans en terre de « vieille démocratie » qui s’est adressé avec arrogance à la « jeunesse de mon pays ». (Pour lui, pour elles et pour eux, pour nos enfants,  In Le prix du jean-Claudisme).

Les frustrations sont toujours à fleurs de peau. Les victimes n’ont pas encore trouvé justice. Un procès a été enclenché. Le chemin était long. Et zut, surgit la mort ! Le prince déchu, depuis février 1986, réduit à sa plus petite expression. Il devrait se souvenir de l’époque à laquelle il faisait la pluie et le beau temps, où il  se la coulait douce.

Le « Baby dictateur », dès son retour en Haïti en janvier 2011, jusqu’à sa mort, en octobre 2014, a raté l’occasion d’atténuer les griefs qu’avaient les victimes de son régime, en demandant « pardon » au peuple haïtien, notamment à celles-ci. Bien que cela n’aurait enlevé en rien, les séquelles indélébiles des actes tyranniques les plus acérés et acerbes perpétrés sur le sol haïtien. Leurs morbides agissements envers des citoyens de la République, à cette époque-là, continuent de raviver de mauvais souvenirs chez les victimes, les martyrs de la démocratie. Cela dit, il est parti sans avoir reçu, ne serait ce que légèrement, l’indulgence du peuple meurtri dans son âme, qui se rappelle encore de ce pan horrible de leur évolution.

Sans embarras, à sa sortie au tribunal, il a lancé d’une voix inquisitrice : « Qu’avez-vous fait de mon pays ? ». Par là, selon il critiquait les générations d’hommes et de femmes qui ont tenu les rênes du pays après lui.

Le sens de l’histoire…

Le petit Duvalier à muri au palais, 14 ans au pouvoir, mais il se révélait surtout un excellent disciple de Papa doc, l’impitoyable dictateur. « Baby doc » à bel et bien suivi les empreintes macabres de « papa doc », qui de son vivant, avait déjà instauré la machine répressive qui consistait à tétaniser toute une population, en lui privant de sa liberté d’expression. Les « siviyè-rapote » (surveillants et rapporteurs) du régime étaient partout ! Personne ne sait qui surveille qui ! N’importe qui pouvait être un espion du régime. L’on raconte même que des cireurs de bottes pouvaient être des attachés du régime surveillant et identifiant les détracteurs soupçonnés du régime.

Le traumatisme hantait  l’esprit de toute une population. La loi silence était de mise. Les sbires du régime dominaient et occupaient toutes les espaces. Pour trois fois rien, le citoyen était passible de se faire exécuter, torturer, emprisonner.

C’était l’air du bâillonnement de la presse. Nombreux sont des journalistes qui ont été disparus et exécutés. Le journaliste Marvel Dandin parle des « moments où la censure régnait en maitre et où la pensée libre était suspecte et poursuivie jusque dans ses derniers retranchements.» (Son texte titré : 28 novembre 1980 : le dernier tango du « Prince » in Le prix du Jean-Claudisme).

Le climat était délétère. Des jeunes intellectuels, universitaires, professeurs, médecins, agronomes… de ce pays étaient ciblés. Ils fuyaient le pays sous la pression de la machine infernale. L’exil volontaire ou forcé. C’était la fuite de cerveau. La machine d’enfer broyait tout le monde sur son passage.

Tristement, le régime avait infligé une certaine torture mentale dans les familles de cette période. Pères et mères et enfants ont assisté à de graves exactions des sbires de l’époque. Il s’ensuit pour Magali Comeau Denis, « le système de terreur distillait la peur, allant jusqu’à déshumaniser tout un peuple ». Elle souligne que des obligations ont été  faites aux directeurs d’écoles et aux instituteurs d’amener leurs élèves en uniforme, des enfants, voir des scènes d’exactions ou exécutions faites sur des opposant du régime, au grand cimetière de Port-au-Prince. Horrible ! Imaginez le traumatisme que cela engendre !

Que l’on se souvienne encore, le 28 novembre 1985, dans la cité de l’indépendance, Gonaïves, trois jeunes écoliers ont été abattus lâchement par des sanguinaires du régime. La douleur que ses tontons macoutes ont laissée chez leurs parents, leurs amis a perduré.

Certes, la génération à laquelle nous appartenons,  celle de l’après la chute des Duvalier, n’a pas vécu le régime, mais elle est victime du lourd héritage qui lui a été légué (e). Un pays dévasté, une nation divisée.

Aujourd’hui encore, les souffrances se resurgissent chez les victimes. Juger et condamner l’homme, l’ex dictateur, auraient atténué les douleurs. Maintenant qu’il n’est plus, le vide reste. Mais à qui profite sa mort ? A qui les victimes vont-elles demander des comptes ?

Quand il regardera derrière lui, même après sa mort, qu’il se rendra compte que le peuple ne lui a pleuré sa mort, il comprendra qu’il lui était préférable de quémander sa bonne grâce, s’apitoyer son indulgence, de son vivant. Si le « baby dictateur » n’avait fait preuve de remords de son vivant, on ne peut pas espérer qu’il le fera après sa mort. Aura -t-il retrouvé la paix, quand il se rendra compte des nombreux torts qu’il a causés, du mal qu’il avait fait à la jeunesse de ce pays.

Ouvrage cité :

Buteau Pierre et Trouillot Lyonel, Le Prix du Jean-Claudisme. Arbitraire, parodie, désocialisation. Port-au-Prince : C3 éditions,2013.

Avec la contribution de plusieurs auteurs.

Worlgenson NOEL

Etudiant en Sciences Humaines et Sociales

Université D’Etat d’Haïti

gensonoel@gmail.com


Haiti-Duvalier : les funérailles qui défraient la chronique…

haiti-duvalier-les funerailles qui defraient-la- chronique

Moins d’une semaine après son décès, survenu le 4 octobre dernier, la dépouille de Baby Doc –figure emblématique de la continuité d’un régime tortionnaire instauré par la dynastie Duvalier et ses acolytes – continue de susciter des débats dans la société haïtienne, sur la cérémonie d’inhumation. Tout a commencé samedi dernier, lors d’un tweet du président de la république qui s’est dit attristé de la disparition d’un fils « authentique » du pays. Michel Martelly, qui n’a jamais dissimulé son allégeance au régime Duvaliériste, ne saurait négliger de rendre un dernier hommage à celui qu’il n’a cessé de réserver une place dans plusieurs cérémonies officielles.  Offusquées, plusieurs victimes du régime, qui ont intenté une action en justice contre le « bébé dictateur »,  qualifient la réaction du président de la République comme une insulte à la mémoire et à la dignité des disparus, et des martyrs de la dictature.

Les opinions divergent, quant à la manière de faire les derniers adieux au pauvre défunt. A date, personne n’a avancé un texte de loi, traitant de la nature des funérailles d’un ancien chef de l’Etat. Pour l’heure, Jean Claude Duvalier est considéré comme un « défunt officiel », puisqu’à l’entrée du salon funéraire ou repose son cadavre, en attendant son inhumation, des agents spécialisés de la PNH montent la garde, nous a confié un journaliste. Jamais, pour autant que nous sachions, autant de tumultes, de susurres et de réticences n’avait été manifestées autour de la mort d’un homme, un ancien chef d’Etat. La population est perplexe. La même question se pose: Mérite-t-il des funérailles officielles ou nationales ?

Si pour certains, notamment des proches de l’ancien régime, il s’agit d’un ancien président devant être traité avec la dignité que cela exige, d’autres estiment que l’ancien dictateur ne mérite pas les honneurs de la nation.  En effet, dans une conférence de presse organisée ce mardi 07 octobre à la capitale, l’actuel secrétaire d’Etat des affaires étrangères,  Henry Robert Sterling, ancien officiel (ambassadeur) du régime, exige que des funérailles nationales soient organisées en faveur de l’ex-président Duvalier. Pour lui, comme tout autre président qui a servi son pays, J C Duvalier a droit à une cérémonie officielle. Appuyé par Jeantel Joseph, du Consortium des partis politiques, qui, lui, affirme, comme pour…..que «Tout le monde est coupable ». Les victimes y compris, bien évidemment.

Pour sa part, l’actuel vice-président du Sénat Haïtien, Andris Riché, demande au président de ne pas organiser des funérailles nationales en faveur de l’ex-dictateur Baby doc. Comme ancienne victime de son régime de terreur, le sénateur propose qu’une cérémonie semi-officielle soit quand même organisée en sa faveur, pour avoir quant même été à la tête de ce pays, comme président-qualifié d’usurpateur. Et en signe de repsect pour les institutions de la République. « Il ne saurait avoir des funérailles nationales », a-t-il renchéri. Et de son coté, Ansyto Félix, du Fanmi-Lavalas, se démarque de toute idée de tenir des funérailles officielles en l’honneur de Duvalier. Il pense qu’une telle situation représenterait une autre  forme de supplice infligée aux victimes dont ils entendent, tous, supporter au sein du parti Fanmi Lavalas.

Et dans un communiqué, repris par Alter Presse, sur son site, le Comité contre l’impunité et pour la justice en Haïti (CCIPJH) exprime son « indignation d’apprendre que le gouvernement haïtien compte faire des funérailles nationales à un dictateur, non élu, inculpé de crimes contre l’humanité et de détournements de fonds publics, ce qui est une gifle de plus pour les centaines de victimes vivantes ou mortes de son régime et pour le peuple haïtien tout entier ».

Toujours est-il que, trois jours après sa mort, tout le monde est dans l’expectative. Quelle sera la décision officielle ? Tous les yeux sont rivés sur le gouvernement, le président Martelly doit décider. Mais, en dépit du fait qu’il soit de la même source idéologique du régime, il doit éviter de prendre une décision qui suscitera davantage des frustrations au sein de la société, notamment chez les principales victimes de l’ancien régime.


Jean Claude Duvalier, le baby dictateur est décédé, comment va-t-on lui rendre hommage ?

L’ex président Jean-Claude Duvalier est décédé ce samedi 04 octobre 2014, suite à un arrêt cardiaque. La nouvelle est diffusée ce matin sur les ondes de certains médias de la capitale, ainsi que les réseaux sociaux. C’est arrivé chez lui.  La confirmation a été faite par le Ministre de la santé publique, Florence Guillaume Duperval, qui informe avoir été mise au courant de la détérioration de la santé de Baby Doc.  Mais pas jean-claude-duvalier-decede-comment va-t-on-lui rendre hommagegrand-chose ne pouvait être fait. C’est arrivé très vite.

Né en juillet 1951, il  est mort à l’âge de 63 ans, Jean Claude Duvalier vient de laisser des dossiers de justice qui lui reprochent sa mauvaise gestion de son administration des affaires de l’Etat. Il a aussi quitté derrière lui de nombreuses victimes de son régime qui soupirent depuis des années en  quête de justice. Pas mal de plaintes ont été portées par des victimes contre lui.

Jean Claude Duvalier est arrivé au pouvoir à l’âge de 19 ans, le 21 avril 1971, en remplacement de son père décédé, le docteur François Duvalier, dictateur aussi de son état. Surnommé « Baby Doc », Jean Claude a dirigé le pays jusqu’à sa chute le 06 février 1986, suites à de fortes mobilisations populaires contre lui. Il est parti en exil en Europe (France), où il a passé un quart de siècle (25 ans). Et il est revenu en Haïti, en janvier 2011.

Qu’on se le rappelle ! Pas mal des gens, notamment des jeunes avaient fait le déplacement pour aller accueillir l’ex-dictateur. Cette situation avait provoqué beaucoup de réactions auprès des observateurs qui pensent, pour la plupart d’entre eux, qu’il s’agissait d’ ‘une preuve d’ignorance de l’histoire du pays. C’était la preuve d’un déficit de mémoire sur le passé douloureux qu’a connu le pays dont il était accusé comme acteur.

« Qu’avez-vous fait de mon pays ? », telle a été cette fameuse question lancée au micro des journalistes en couverture de sa réapparition surprise. Il semblait s’adresser directement aux nouveaux dirigeants qui lui avaient succédé.

Mais nous nous interrogeons  à propos : comment lui rendre hommage ? Un président qui a bien dirigé son pays ? Un ex-dictateur qui a mal mené son pays, en laissant encore ses séquelles au sein de la société? Mérite-il des hommages de la nation ? A quel sentiment va-t-on chanter ses funérailles ? Comment les victimes vont-ils assister à son deuil ?